Le 7 mai, la Cour suprême n’a pu rendre son délibéré dans l’affaire d’inconstitutionnalité opposant Ibrahima Kassory Fofana (ancien Premier ministre) au parquet spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Et pour cause, l’absence des  avocats du PM à l’audience.

« On a voulu rendre le délibéré, mais des conseils de M. Fofana sont à l’extérieur du pays pour des soins », explique Saïdou Diallo, le président audiencier, avant de renvoyer l’audience au 25 juin prochain.

Ibrahima Kassory Fofana, placé sous mandat de dépôt en avril 2022, est poursuivi par la Crief  pour des faits présumés de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Son procès ouvert devant la Chambre de jugement de la Crief, avait  été renvoyé à la Cour suprême en juin 2023, pour une question d’inconstitutionnalité soulevée par ses avocats qui estiment que la Crief est incompétente à juger leur client.

Au même moment, Ibrahima Kassory Fofana s’était pourvu en cassation devant la Cour suprême contre l’ordonnance de la Chambre de l’instruction de la Crief le renvoyant devant la Chambre de jugement de la même juridiction.

Le 7 mai, dès après le renvoi de l’audience au 25 juin prochain par la Cour,  Me Sidiki Bérété, l’un des avocats d’Ibrahima Kassory Fofana, débarque à la Cour suprême : « C’est de la comédie. Ils ne vont jamais vider le dossier, ils n’ont pas de courage de le faire », affirme l’avocat.

Depuis deux ans, la Cour suprême traîne le pas sur la procédure des saisies immobilières, de gel des comptes bancaires, d’interdiction de sortir du pays, mais aussi de la question de l’ordonnance de renvoi « n’ayant pas été renouvelée pour la détention » de l’ancien Premier ministre. « Tout est jumelé dans le règlement. On ne parle plus de détention, on parle de séquestration. Deux ans de détention préventive, ça suffit ! C’est un simple harcèlement », dénonce Me Bérété. L’avocat estime qu’il ne faudrait pas piétiner les droits des citoyens au mépris de la loi, même si on est dans un régime de transition. Selon lui, il n’y aura pas de procès tant qu’Ibrahima Kassory Fofana est en détention. « Rien que l’arrêt de la justice de la Cédéao suffit pour le libérer. Le procès n’a plus de sens, ils n’ont qu’à se promener, la force reste à la loi. Ibrahima Kassory Fofana n’a plus de mot à dire au peuple de Guinée et à l’opinion nationale et internationale avant sa remise en liberté. C’est le blocage total, que la Cour suprême continue à renvoyer les audiences, ça ne nous regarde plus, ce n’est plus un procès, c’est du chantage, de l’humiliation. Mon client ne mérite pas cela après avoir servi la Guinée des décennies durant », clame Me Sidiki Bérété.

Yaya Doumbouya