Le projet planetGOLD a organisé, à l’intention d’une vingtaine de journalistes et de communicants, un atelier de formation sur les méfaits du mercure dans les zones aurifères guinéennes. Le projet veut alerter sur le danger qui guette les populations en contact permanent avec cette substance chimique.
En dehors de la canicule qui a frappé la Guinée cette année due certainement à la destruction du couvert végétal, des villes où on exploite l’or courent d’autres dangers. Siguiri, Kourroussa et Mandiana, connues pour leur potentialité en or voient leur environnement détruit petit-à-petit par des exploitants dont le seul souci est de gagner l’or en quantité. Pour y arriver, les orpailleurs n’hésitent pas à utiliser le mercure dont le contact prolongé avec l’Homme peut s’avérer, à long terme, dangereux pour sa santé. Dans ces zones, le mercure affecte aujourd’hui cours d’eau, sol, sous-sol, animaux et humains.
Le projet plenetGOLD, qui se fixe, entre autres, pour objectifs, entre autres, de réduire l’utilisation du mercure dans l’extraction artisanale de l’or afin de protéger la santé humaine et l’environnement, de soutenir les mineurs artisanaux et à petite échelle, pour améliorer leur pratique de production, tente de prévenir la situation. Il a réuni, le 23 mai dans un réceptif hôtelier de Cona-cris, hommes de médias et communicants de certains ministères. Le but, les outiller sur la Convention de Minamata et surtout sur la toxicité du mercure, produit chimique prisé par les orpailleurs : « L’une des composantes de ce projet, c’est la communication et le partage d’informations et la gestion de connaissances. Nous nous sommes dits que cela n’est possible que quand les membres des médias sont associés, afin de libérer la parole sur cette question de l’utilisation du mercure dans l’orpaillage à petite échelle », explique Ibrahima Sory Sylla, coordinateur national de planetGOLD.
Pendant la formation, les débats ont porté notamment sur le contexte de l’exploitation minière artisanale, les enjeux environnementaux, les risques sanitaires, la chaîne de valeur de cette exploitation, la protection des femmes et des enfants, généralement vulnérables dans les sites d’orpaillage. Pour Bangaly Dioumessy, point focal de la Convention de Minamata et secrétaire exécutif du Conseil national de gestion des produits chimiques au ministère de l’Environnement et du Développement Durable, participer aux côtés de planetGOLD à vulgariser ses acquis, reviendrait à lutter contre l’utilisation néfaste du mercure : « Le mercure est un produit très utile dans la vie socioéconomique, mais en même temps, sans son utilisation dans les conditions normales, il devient dangereux et cancérigène. On a constaté que les après projets ont connu des évolutions timides, c’est pourquoi nous réunissons journalistes et communicants pour aider le projet à s’implanter dans le pays, à véhiculer des messages vis-à-vis des exploitants artisanaux qui ne sont pas très bien outillés en termes de réglementation. De telles démarches pourraient les aider à changer les méthodes qui sont aujourd’hui nuisibles pour leur santé et qui compromettent nos ressources. »
Il s’attend désormais à ce que de tels ateliers puissent aider à mettre fin à l’intoxication, par le mercure, de « nos ressources telles que l’eau, l’air et le sol. L’intoxication rend pratiquement l’agriculture difficile, elle réduit la zone de pêche, d’élevage. Et finalement, la santé publique est compromise à jamais. »
Le projet planetGOLD, né du plan d’action national du ministère de l’Environnement, a une durée de 5 ans. Il est financé à hauteur de 5 millions de dollars américains par le Fonds des Nations-Unies pour l’Environnement. Il ambitionne, à travers la sensibilisation, une réduction d’au moins 12,5 tonnes de mercure en 5 ans.
Le projet est exécuté par l’ONG Centre Africain pour la Santé Environnementale (CASE), sous l’égide d’un comité dirigé par le Ministère de l’Environnement & du Développement Durable. L’objectif est de formaliser le secteur minier artisanal, promouvoir des méthodes d’extraction sans mercure et faciliter l’accès des mineurs au marché international en simplifiant la chaîne d’approvisionnement.
Yacine Diallo