Depuis mercredi 8 mai au soir, la capture d’écran d’une prétendue coupure de presse envahit les comptes privés (Messenger et WhatsApp) des Guinéens. Le titre d’un article publié par Jeune Afrique depuis 2009 sur l’évacuation de Dadis Camara au Maroc est manipulé pour nourrir les rumeurs sur la santé de Mamadi Doumbouya.
« Doumbouya a atterri à Rabat et est hospitalisé », prétend le canular attribué au site d’information du groupe panafricain Jeune Afrique. Cet « article » est curieusement introuvable sur internet, en dehors de la capture montée de toutes pièces par on ne sait qui et pour quel dessein. Le vrai, dont le titre a visiblement inspiré les manipulateurs, est : « Dadis a atterri à Rabat et est hospitalisé. » Un papier encore disponible, en revanche, sur le site de JA.
Celui-ci a été écrit et publié le 4 décembre 2009, soit quelques heures seulement après que le président de la transition d’alors a reçu une balle à la tête tirée par son aide de camp, Toumba Diakité. Les deux hommes qui se rejetaient déjà la responsabilité sur le massacre du 28 septembre survenu deux mois auparavant avaient fini par s’affronter au camp Koundara, situé dans la presqu’île de Kaloum et depuis surnommé camp Makambo – du nom d’un des martyrs de la rixe meurtrière. Dadis a miraculeusement survécu, après des soins à Rabat (Maroc), suivie d’une longue convalescence dans la capitale burkinabé, Ouagadougou.
Voilà que quinze ans après, Moussa Dadis Camara et Jeune Afrique se retrouvent (sans le vouloir) impliqués dans une histoire à dormir débout relative à la vie et à la santé du général Mamadi Doumbouya. Si on ignore l’origine de la fausse coupure de presse sur la prétendue évacuation de l’actuel président de la transition guinéenne au Maroc, un post de l’activiste du FNDC, Sékou Koundouno, a auparavant accrédité l’idée que Doumbouya serait mal en point.
La vie des présidents guinéens a toujours alimenté les débats. Sékou Touré passait pour un immortel, au point que l’annonce de sa mort après 26 ans de règne avait difficilement été crue par certains. Quant à Lansana Conté, les rumeurs l’ont tué à plusieurs reprises, avant son décès en décembre 2008. Mamadi Doumbouya et son prédécesseur Alpha Condé font du jogging dans les rues de Kaloum lorsqu’on dit qu’ils ont quelques bobos. Le président de la transition, dont les sorties sont rares ces derniers temps, réapparaîtra-t-il de nouveau pour démentir Sékou Koundouno et ses inconditionnels ?
Diawo Labboyah