Après près de trois mois de débats, l’influenceur, Mamadou Baïllo Diallo alias Guidho Fulbhè et ses coaccusés attendent désormais d’être fixés sur leur sort. L’accusation a requis des peines légères contre eux.
Le bout du tunnel pour Guidho Fulbè, Mohamed Sow, Mamadou Lamarana Guèssè Diallo, Mamadou Baïllo Baldé et Alpha Abdoulaye Diallo ? L’espoir est permis. Au départ, ils encouraient de lourdes peines du fait de la gravité des accusations articulées contre eux. Mais le substitut du pro-crieur près le tribunal de première instance de Kaloum a surpris plus d’un : il a requis seulement 18 mois d’emprisonnement contre Guidho Fulbhè ; 20 mois à l’égard de Mohamed Sow, Mamadou Lamarana Guèssè Diallo et Alpha Abdoulaye Diallo et au paiement d’un million de francs glissants d’amende, chacun. Il a requis l’interdiction des réseaux sociaux pendant cinq ans à Guidho Fulbhè. Tous sont accusés de « complot » contre le pouvoir.
Le représentant du mystère public est convaincu que les quatre derniers ont rejoint la Coordination internationale du Fouta-Djalon pour le respect des droits humains et le développement durable (CIFD), avec le vœu secret « de s’en prendre aux institutions de la République. » Une structure créée en Belgique, avec des antennes en Guinée et à travers le monde. Le pro-crieur en veut pour preuve les groupes WhatsApp, les biens matériels (deux motos affectées à Mohamed Sow et Mamadou Lamarana Guèssè Diallo), les contributions financières des membres de la CIFD et les registres saisis. Le pro-crieur de la République Issouf Faux-fana demande cependant au tribunal d’écarter l’infraction « de tentative d’attentat » mise à la charge des accusés.
Acquittement
A propos du sous-lieutenant Mamadou Baïllo Baldé, Issouf Faux-fana requiert son acquittement pur et simple, faute de preuve contre ce bidasse : « Nous n’avons pas pu asseoir une conviction en ce qui le concerne. » Après son arrestation, l’officier a vu son salaire bloqué : « Cela n’est pas normal, sa présomption d’innocence n’a pas été respectée. Rétablissez-le dans ses droits », dénonce le pro-crieur. Dieu en soit loué !
Issouf Fofana estime qu’il n’y a pas lieu de solliciter du tribunal des peines assez lourdes contre les accusés, parce qu’ils ne sont pas « les véritables commanditaires. Ce sont des jeunes naïfs qui ont été utilisés. »
En revanche, pour Mody Sorry Barry et son fils adoptif, Alpha, résidants en Belgique, le parquetier n’a pas été tendre contre eux. Il requiert 10 ans d’emprisonnement et l’émission d’un mandat d’arrêt international contre le duo. « Ce sont eux qui ont agi pour prendre le pouvoir par la force », argue-t-il. Les deux accusés ont été jugés et condamnés par contumace. « Pendant que les uns sont sous mandat de dépôt, les autres ne doivent pas se pavaner dans la nature. On aurait dû émettre ne serait-ce qu’un mandat d’arrêt », rouspète le pro-crieur.
Une enquête bâclée
Il égratigne d’ailleurs l’enquête laquelle, selon lui, a manqué de rigueur: « Nous sommes d’accord que la Direction générale des renseignements intérieurs n’a pas la compétence de mener les enquêtes, mais mettons l’accent sur les aveux. Et la DPJ aurait pu corriger tout cela, mais ils ont fait du copier-coller pour jeter ça à la figure du procureur. Ils n’ont même pas interrogé les accusés. »
La défense plaide l’acquittement de tous ses clients. Elle accuse le mystère public d’avoir manqué de « courage » de lui emboiter le pas : « Il ne pouvait requérir une lourde peine, parce qu’il est dans le doute. Il sait que toute cette procédure est une grosse plaisanterie », tacle Me Alpha Amadou DS Bah.
Guidho Fulbhè, lui, regrette de s’être laissé gagner par l’émotion: « Je ne suis qu’un homme social et religieux. Je suis entré en politique par émotion. Je demande pardon au tribunal. »
Guidho Fulbè, Mohamed Sow, Mamadou Lamarana Guèssè Diallo, Mamadou Baïllo Baldé et Alpha Abdoulaye Diallo sont incarcérés depuis fin 2022, pour « tentative d’attentat, de complot contre la République. » Des griefs qui font suite à des sorties très acerbes des accusés sur les réseaux sociaux contre Alpha Grimpeur et son successeur Mamadi Doum-bouillant.
Yacine Diallo