Les plaidoiries des avocats de la défense se poursuivent au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Mardi 28 mai, 4 avocats ont plaidé la cause des accusés.
Maitres Mamady Doumbouya, Lancei 3 Doumbouya, Mohamed Abou Camara ont demandé la libération de Ibrahima Kalonzo Camara au motif que celui-ci n’était pas présent au stade, le jour du massacre. Ils réitèrent que Kalonzo était en prison au PM3 au moment des faits. Donc, il ne pourrait pas être poursuivi sur la base des accusations portées contre lui. « Monsieur le président, nous vous prions d’acquitter Ibrahima Kalonzo Camara et de renvoyer les parties civiles à mieux se pouvoir », a indiqué Maître Mamady Doumbouya.
Marcel Guilavogui, blanc comme neige ?
Dès qu’il s’est arrêté devant le pupitre, Maître Sidiki Bérété, avocat de Marcel Guilavogui, a affirmé : « Nous plaidons non coupable. Nous prions le tribunal de l’acquitter purement et simplement ». Ainsi, l’avocat s’est passé des remerciements, les traditionnels salamalecs, avant de commencer sa plaidoirie. Il est entré dans le vif du sujet. Il a rappelé que Marcel Guilavogui est poursuivi pour 6 infractions : assassinat, meurtre, vol à main armée, complicité de viol, pillages et séquestrations. L’avocat réfute ces infractions, en demandant des preuves. Selon lui, les déclarations à la barre ne suffisent pas pour asseoir la conviction du juge. « Je ne parlerai pas de ce qui a été écrit sur les réseaux sociaux et ce qui a été dit sur RFI. Je ne parlerai que de l’acte de saisine ou tout au moins de l’ordonnance de renvoi. Le reste n’est que verbiage inutile, des simples déclarations. Nous pensons que le juge ne les prendra pas au sérieux pour condamner des innocents ».
Maître Sidiki Bérété demande au procureur d’amener à la barre les agents de la CMIS, les bérets rouges de la garde présidentielle, parce qu’il estime que ce ne sont pas les 11 accusés qui sont responsables du massacre. « Si ce n’est pas une justice sélective, un règlement de compte, envoyez les preuves. Le droit pénal, c’est la certitude. L’affabulation ne peut pas marcher », soutient l’avocat qui ajoute que le dossier du massacre du 28 septembre 2009 serait mal monté, l’enquête aurait été bâclée, il n’y pas aurait pas eu de pièces à conviction, l’instruction bâclée. « C’est pourquoi, les armes du crime n’ont pas été présentées au tribunal. Le médecin légiste n’a pas déterminé la cause de la mort, c’est vous qui allez faire ce travail ? », interroge l’avocat au tribunal. Me Bérété a poursuivi : « On a voulu faire croire aux victimes qu’ils étaient en train de travailler, alors qu’ils ne faisaient rien. Sur la détention arbitraire de Marcel, pourquoi attendre 14 ans pour être jugé ? Est-ce que ce procès est imputable à son encontre ? Alors quelle que soit la nature de crime, sa détention ne devait pas passer 24 mois. Il a été entendu à la gendarmerie et chez le juge d’instruction, sans avocat. Il est en prison, sans acte juridique, un mandat dépôt non renouvelé ».
Par rapport à la volte-face de Marcel Guilavogui durant le procès, Maître Sidiki Bérété a des explications : « Marcel est en détention depuis le 18 juin 2010. Il ne faut pas tenir compte des paroles de l’accusé, il a été admis au service psychiatrique de Donka, sa maison enlevée par des esprits malins. 14 ans de prison sans soutien, malade, pas de soins. Et on dit qu’il y a deux versions. Avec ces conditions, il aura mille versions ».
De la requalification des faits
Maitre Bérété demande au président du tribunal de rejeter la réquisition du procureur concernant la requalification des faits en crimes contre l’humanité. « Nous sommes surpris en contournant l’acte de saisine, le procureur veut vous faire porter, monsieur le président, le chapeau du Statut de Rome, alors que vous n’êtes pas une Cour ou une Chambre du Statut de Rome », qui a consacré la CPI (Cour pénale internationale ». Pour l’avocat affirme que les réquisitions du parquet sont légères. « Vous ne devez pas pleurer pour obtenir la condamnation des innocents. Vous poursuivez à charge et à décharge. Continuez à pleurer, au lieu d’asseoir la conviction du tribunal. Vous avez requis des peines qui n’existent pas dans la loi. Vous avez requis la perpétuité pour six personnes, pour crimes contre l’humanité, par assassinat, qui n’existent pas. Pourquoi crimes contre l’humanité pour tous les accusés et des peines différentes ? C’est que le procès n’est plus équitable », clame Me Sidiki Bérété.
Mamadou Adama Diallo