Le 30 mai, le procès opposant Madifing Diané, ancien ministre de la Sécu et ancien gouv de Labé, à l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), s’est poursuivi au tribunal correctionnel de Mafanco.

Madifing Diané est poursuivi pour diffamation, discrimination, abus d’autorité et dénonciation calomnieuse, par l’Ufdg, le parti de la Petite Cellule Dalein Diallo. Par voie de presse, l’ancien dignitaire avait accusé l’Ufdg et son leader de fraudes électorales lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2010.

A la barre, le prévenu dénonce une « atteinte à son honneur et à sa dignité », que l’Ufdg aurait vécu la fraude. « L’évidence était là, l’élection de 2010 a entraîné une fraude massive reconnue » par la Commission électorale nationale et indépendante (Céni) et les partenaires techniques et financiers du bled, à l’époque. « Sinon, pourquoi il y a eu quatre mois dix jours entre le premier et le second tour de l’élection présidentielle ? », s’interroge Madifing Diané qui menace, à son tour, de trimbaler en justice son poursuivant, pour atteinte à sa dignité et à son honneur.

Me Saliflou-flou Béavogui, avocat (sans vinaigrette) de l’Ufdg, interroge : « Quel poste vous occupiez en 2010 ? » Madifing Diané, fonctionnaire de police, aux commandes de la Commission nationale de réforme des services de sécurité. « J’ai créé la Fosspel (Force spéciale de sécurisation du processus électoral) », mais il regrette de ne l’avoir poing dirigée. Même si les éléments de l’entité lui « sont restés fidèles. » « Est-ce que vous étiez le président de la Céni ou aviez-vous un représentant là-bas ? », poursuit l’avocat.  « Je ne réponds pas à cette question », clame le prévenu.

Me Saliflou-flou Béavogui rappelle que Madifing Diané avait déclaré avoir saisi la machine qui confectionnait des fausses cartes d’électeurs en faveur de l’Ufdg. « Mes éléments de la Fosspel ont saisi la machine, elle a été déposée à la Céni, avec des urnes sorties des mosquées, notamment celle de Sangoyah, où sept urnes illégales ont été saisies. J’étais au cœur du système », détaille Madifing Diané. Et d’accuser un proche de l’Ufdg d’avoir acheté la machine frauduleuse en Afrique Sud, au nom du parti. « Où est la facture ? », enchaîne Me Saliflou-flou Béavogui. « Posez la question à l’Ufdg », réplique le prévenu.

L’ancien ministre de la Sécu déclare que la machine « a rehaussé » le nombre d’électeurs de 4 à 5 millions, lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2010.

« Vous avez déclaré à la radio que les 42% de suffrage de Cellou Dalein Diallo étaient basés sur des fraudes. Donnez la preuve ? », poursuit l’avocat. « La Communauté internationale a attesté qu’il y a eu une fraude massive. La cartographie électorale de la Moyenne et de la Haute-Guinée ne font que 40%. La Moyenne-Guinée fait 16%, donc il (le candidat de l’Ufdg, Ndlr), ne peut sortir au premier, lui seul, avec 42% de suffrage », croit l’ancien Gouv de Labé. Comme si tous les votants UFDG de 2010 venaient de la seule Moyenne-Guinée.

Les coups du pro-crieur

Le pro-crieur, Siba Toupou, demande si Madifing Diané dispose de preuves attestant que  l’Ufdg a acheté la machine de confection des cartes d’électeurs parallèles. « Les éléments de la Fosspel m’ont resté fidèles. La preuve a été tuée pour la paix et la quiétude », afin d’aller au second tour de l’élection présidentielle, dit le prévenu. Et au pro-crieur de conclure qu’il n’y a aucune preuve et que le prévenu n’a aucune qualité de juger une élection de frauduleuse. « J’ai la responsabilité de parler de fraude, car ce sont mes services qui ont détecté la fraude massive », clame Madifing Diané.   

Me Sékou Kè Touré, de la défense, estime que l’Ufdg ne « comprend pas le français ». Pour lui, dire que les 42% de suffrage de la Petite Cellule Dalein Diallo sont basés sur des fraudes, ne veut pas dire que le candidat du parti a fraudé pour obtenir ce score. « Mon client veut dire que tous les 24 candidats à l’élection présidentielle ont obtenu des scores basés sur un processus de fraude massive et généralisée », défend-t-il. 

L’audience a été renvoyée au 13 juin prochain, pour la présence du poursuivant, représenté par Fodé Oussou Fofana, vice-prési de l’Ufdg.

Yaya Doumbouya