Après trois audiences manquées, Madifing Diané, ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile et ancien gouverneur de Labé, a comparu en audience correctionnelle par devant le tribunal de première instance de Mafanco.
Cet ancien commis de l’Etat est poursuivi par l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), pour diffamation, discrimination, abus d’autorité et dénonciation calomnieuse. En substance, l’ancien ministre avait accusé l’Ufdg de fraude électorale lors de la présidentielle de 2010.
Ce 2 mai au TPI de Mafanco, Madifing Diané a rejeté « globalement » les accusations portées contre lui, invitant la partie civile (Ufdg) à présenter les preuves de ses accusations. A peine ouverte, la défense a soulevé des exceptions, demandant ainsi à la présidente, M’Balou Traoré, de renvoyer l’audience.
Le procureur, Siba Toupou, demande au tribunal d’aller « à l’essentiel », à la défense, de communiquer les pièces à temps. « Le droit n’a qu’à parler, prenez votre responsabilité !» Me Salifou Béavogui, avocat de l’Ufdg (partie civile) ne s’y oppose pas à la demande de renvoi. Au sortir de l’audience, il affirme que le mandat d’amener « reste maintenu contre le prévenu, à tout moment il peut être rattrapé et conduit en prison.»
A l’audience du 18 avril, la présidente du tribunal, M’Balou Traoré, a décerné un mandat d’amener à l’encontre de Madifing Diané, qui « refusait », selon la partie civile, de comparaître. Me Salifou Béavogui croit qu’il a fallu l’émission du mandat pour voir comparaître le prévenu. L’avocat s’oppose au levé du mandat, redoutant que Madifing Diané ne se dérobe de la justice : « Depuis le mois de mars dernier, le prévenu n’a pas comparu. Il a manqué trois audiences, poussant le tribunal à l’extrême en décernant ce mandat d’amener. Si le mandat est levé, le prévenu ne viendra pas à la prochaine audience.»
A la de défense de répliquer : « Le mandat d’amener n’a plus de sens dès lors que notre client est présent. La question n’a plus de valeur, le mandat devient caduc, notre client s’est présenté de lui-même au tribunal.»
Infractions prescrites ?
Au sortir de l’audience, Me Sékou Kè Touré, avocat de la défense, déclare que l’une de leurs exceptions soulevées est le fait « qu’un juge correctionnel n’est compétent pour examiner si une disposition de la Constitution a été violée ou pas. C’est une exception préjudicielle, nous avons demandé au tribunal de renvoyer l’affaire devant la juridiction compétente : la chambre administrative de la Cour suprême.» Les faits articulées contre Madifing Diané remontent à 2010, alors que « les infractions, tels que les délits, sont prescrits au bout de trois ans », avance Me Touré. «Ce n’est pas que les accusations ont été dénoncées en 2024 que la juge va se prononcer, nous estimons qu’elles sont prescrites, exceptée la diffamation. Nous avons demandé au tribunal d’abandonner purement et simplement tous les autres infractions.»
«…se dérober de la justice »
Me Salifou Béavogui estime que les exceptions de la défense constituent « un moyen pour le prévenu de se dérober de la justice. Mais, c’est impossible. Nous irons jusqu’au bout, car les accusations portées contre l’Ufdg et son président sont graves. La force reste à la loi, le prévenu a tourné et retourné, mais finalement il a compris qu’il n’a de solution que de comparaître, librement ou par l’effet du mandat d’amener. Le prévenu a constitué d’autres avocats, pourtant il disait n’avoir pas besoin d’avocat.»
La présidente du tribunal, M’Balou Traoré, a renvoyé l’affaire au 16 mai, le temps pour les nouveaux avocats (défense) de recevoir des pièces du dossier et pour le ministère publique de recevoir les exceptions soulevées par la défense.
Yaya Doumbouya