Le Mouvement syndical guinéen dénonce l’«acharnement» des autorités de la Transition contre la presse privée du pays et exige la restitution, sans délai, des agréments et fréquences des Groupes Hadafo médias, Djoma média et Fréquence médias.
Face au bâillonnement de la presse privée, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) s’appuie sur le Mouvement syndical guinéen et le Barreau, pour intensifier la lutte pour la liberté de la presse. Vendredi 31 mai, à l’issue d’un conclave à la Bourde du travail, le Mouvement syndical a fustigé, dans une déclaration, la décision du gouvernement de retirer les agréments et les fréquences des Groupes de médias critiques envers la junte. «Cette question est d’autant préoccupante qu’elle reste porteuse de nombreuses conséquences dramatiques aussi bien sur le plan social qu’humanitaire. Elle porte un coup dur au droit des citoyens de s’exprimer et d’être informés, ce qui est une violation flagrante et inacceptable de la Charte de la transition et des engagements internationaux auxquels la Guinée a librement souscrit», flingue Amadou Diallo, le coordinateur national du Mouvement syndical.
Les syndicaleux estiment que le «retrait illégal» des agréments et des fréquences des médias «entraîne de facto une suppression d’emplois, mettant au chômage près d’un millier de travailleurs» de Cona-cris et de l’arrière-bled. Ils rappellent que la perte «massive d’emplois» constitue «une autre violation» du Code du travail.
Selon le Mouvement syndical, le retrait des agréments et des fréquences est la suite logique de «l’acharnement des pouvoirs publics envers les professionnels de la presse privée, ce qui est un risque majeur pour la paix et la quiétude sociale» en Guinée. Amadou Diallo martèle que le Mouvement syndical soutient «inconditionnellement et sans réserve la lutte légale et légitime» du SPPG, pour la défense des intérêts moraux et matériels des professionnels de la presse. Il exige du gouvernement la restitution «pure et simple» des agréments et fréquences aux Groupes de médias victimes de «la décision illégale», pour éviter «une nouvelle crise sociale aux conséquences imprévisibles.»
Après la Bourse du travail, la délégation du SPPG s’est rendue au siège de l’Ordre des avocats de Guinée, dans l’enceinte de la Cour d’appel de Cona-cris, où elle a sollicité le soutien du Barreau, dans la lutte contre la violation de la loi sur la liberté de la presse. «On a saisi le Barreau de Guinée. Dans une démocratie, les avocats sont des sentinelles des droits de l’homme, de l’État de droit. Ce sont des piliers incontournables dans la lutte pour les libertés et les droits. Aujourd’hui, il est question de la liberté de la presse qui est malmenée depuis sept mois par les pouvoirs publics. Nous avons saisi le Barreau afin qu’il se lance dans la bataille», explique Secoue Jamal Pendessa, le secrétaire gênant du SPPG. Et de renchérir que dans les jours à venir, des forces prodémocratie se joindront au Syndicat, afin de faire valoir le droit. Amen !
Yaya Doumbouya