Nombre de coalitions politiques fourbissent déjà leurs armes contre un glissement du calendrier électoral. La Conférence de coalitions politiques et faitières prend la défense de la junte, valide déjà la violation du chronogramme de 24 mois et presse la classe politique à suivre les pas du CNRD.

Après le troisième mandat, le glissement. Le Comité national du rassemblement pour le développement, la tête sur le guidon, fonce sur son calendrier que beaucoup de Guinéens estiment occulte. Déjà, il ne fait plus aucun mystère de sa détermination à ne pas rendre le pouvoir aux civils avant la fin de l’année 2024. Mais les militaires au pouvoir trouvent malgré tout du soutien au sein des acteurs politiques. Une frange importante des soutiens au 3e mandat d’Alpha Condé se rallie à la démarche du CNRD. Le 3 juin, dans un réceptif hôtelier de Conakry, la Conférence des coalitions politiques et faitières (CCPF) s’est fendue d’une déclaration pour acter le non-respect du chronogramme de la transition, convenu avec la CEDEAO. Sékou Koureissy Condé, Bouna Keïta, Saliou Bella Diallo, Ahmed de Paris… et compagnie pensent que le CNRD est sur la bonne voie : « La Conférence des coalitions et faitières salue la clairvoyance du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, qui a bien voulu faire d’une priorité les activités indispensables au retour à l’ordre constitutionnel, à savoir le PN-RAVEC et le référendum », déclame-t-on dans la déclaration. Selon ces acteurs politiques, le Recensement administratif à vocation d’Etat-civil (RAVEC) pourrait aider à obtenir un fichier électoral de « qualité, afin de ramener la confiance de l’ensemble des parties prenantes vis-à-vis du processus électoral. » 

Cette coalition demande aux acteurs politiques qui ne veulent pas entendre parler de glissement, à privilégier le « dialogue et à s’orienter vers une démarche républicaine pour une transition apaisée et réussie. » Sékou Koureissy Condé va plus loin : « C’est une opportunité de parler de paix. Je crois que les Guinéens doivent surmonter les barrières de divergences, pour retrouver le chemin de l’entente. J’insiste qu’un dialogue inclusif doit tenir compte de toutes les revendications afin de nous permettre un retour à l’ordre constitutionnel. Tout doit être mis sur la table, tout doit être renégocié. »

Absences intrigantes

Il y a trois mois, la Conférence des coalitions politiques et faîtières n’était pas composée de ces seuls leaders politiques. Il y avait, entre autres, Lansana Kouyaté du PEDN, Faya Millimouno du BL ou encore Siaka Barry du MPDG (Mouvement populaire démocratique de Guinée). Les deux premiers auraient pris leur distance avec cette frange depuis que le choix du Premier ministre a porté sur Bah Oury. Ils n’hésitent même plus à critiquer leur ex-allié de PM publiquement. Bouna Keïta a tenté de minimiser, en affirmant que le PEDN (Parti de l’espoir pour le développement national) de Lansana Kouyaté et le BL (Bloc Libéral) de Faya Millimouno avaient leurs représentants à la réunion. Sauf qu’ils n’ont pas été vus. Quant à Siaka Barry du MPDG, il se dit qu’il est à la Mecque pour le pèlerinage. Lui aussi, n’avait aucun représentant à la rencontre. Le hic, c’est que ces trois leaders font profil bas au moment où ils commencent à dénoncer les velléités de glissement du CRND. Lansana Kouyaté, jadis fervent soutien de la junte, commence à participer aux réunions du Front anti glissement du calendrier électoral, créé récemment.

Yacine Diallo