Face à la situation sociopolitique et économique qui prévaut en Guinée, c’est fréquent d’entendre certains regretter le Prési déchu Alpha Grimpeur au point de vouloir réclamer son retour aux affaires. « Mamadi Doumbouya nous prive du courant que Alpha Condé nous a laissé », entend-on çà et là. Eh, oui !

Nous avons comme impression que certains Guinéens oublient très vite ou sont complètement déconnectés des réalités. Si tous les fonds engloutis dans le secteur de l’électricité avaient été bien gérés sous la gouvernance Grimpeur, nous ne ferions pas aujourd’hui face à des délestages aux multiples conséquences. Sa gouvernance, en matière d’électricité, n’a pas été entièrement couronnée de succès. Ce n’est qu’à partir de son deuxième mandat (2015-2020) que la desserte a connu une nette amélioration à Cona-cris et dans certaines villes de l’intérieur. Pour la capitale surtout, avec l’arrivée du bateau thermique turc Karpowership.

Diviser pour régner

Dans un pays qui n’avait pas réellement connu d’alternance démocratique, la sélection bien que controversée d’Alpha Grimpeur en 2010 avait suscité joie et espoir chez bien des Guinéens. Le « professeur » était adulé, admiré et estimé, notamment par ses militants et sympathisants. Il était celui qui s’était battu pendant quatre décennies pour la démocratie, qui était resté constant dans sa lutte. Et pourtant, c’est bien lui Alpha Grimpeur qui a instauré un système de gouvernance basée sur la division, la discrimination, le mensonge, la violence, la terreur, le tribalisme, le népotisme, le favoritisme, la gabegie… (Excusez du peu !) Avec sa politique de diviser pour régner, l’ex-opposant historique a sérieusement fragilisé le tissu social guinéen. Les tensions sociales lors des différents scrutins ont failli déboucher sur une guerre civile. Nous avons, à maintes occasions, frôlé le pire.

Son funeste projet de « Manden-Djalon » a failli déstabiliser le pays et opposer les fils du Fouta-Djalon qui ont pourtant longtemps vécu ensemble en harmonie, dans l’entente et la paix.

Tueries, exils forcés

En matière de violation des droits humains, savons-nous combien de Guinéens, pour la plupart des jeunes, ont-ils été tués à Cona-cris (sur l’Axe Leprince) et en Forêt, sous Alpha Grimpeur ? La moindre manif était réprimée dans le sang. Le comble aura été d’imposer le fameux 3ème mandat aux Guinéens. Face à la peur, à l’incertitude, au désespoir et au manque de perspectives d’avenir, de nombreux compatriotes ont pris le chemin de l’exil. Désormais convaincus que c’est seulement une mort naturelle qui pourrait les débarrasser du pouvoir, beaucoup ont, à un moment donné, vivement souhaité un putsch militaire, à l’image du Mali voisin contre un certain IBK. C’est bien ce qui est finalement arrivé le 5 septembre 2021, à la surprise générale.

Même si, aujourd’hui, les auteurs de ce spectaculaire putsch n’ont plus la cote auprès des Guinéens, ils avaient été applaudis à leur arrivée. Même si encore, bien évidemment, tout n’est pas rose avec les hommes en treillis. Si Alpha Grimpeur avait respecté la Constitution et les lois de la République, la Guinée ne serait pas aujourd’hui dans une transition incertaine.

Bah Mamadou