Silence et démission, deux mots forcément, férocement antinomiques en République de Guinée. La crise des médias ne les réconcilie point. La vénérable institution républicaine, la HAC, ajoute un piment de Mamou, à son corps défendant. Le citoyen lambda perd son latin, si tant est qu’il en ait la moindre idée. Le révélateur de tout cela ? Une conférence de presse au cours de laquelle la Première Institution de la République se voit dénoncée, ensemble avec certains de ses hauts fonctionnaires, avec un niveau de langue inimaginable. Boussole de la Transition, la justice perd le nord, tout simplement. Voyons ça, soutenus à tour de bras par nos principaux compagnons : Toto et M. de La Palice !
La HAC envoie deux de ses commissaires en mission officielle à l’intérieur du pays. Avec un ordre de mission en bonne et due forme. Preuve de sa responsabilité entière, à moins que nos compagnons de toujours, Tonton Toto et Oncle de La Palice n’émettent un avis contraire. A Kankan, nos deux conseillers, Ibrahima Tawel Camara et Djéné Diaby tiennent une conférence de presse, revêtus des signes distinctifs de notre HAC chérie. La corruption passe un très mauvais quart d’heure. Corrupteurs et corrompus confondus, au sommet de l’État, comme à la tête des médias. Entre grands, quoi ! Il n’en fallait pas plus pour voir corruption et diffamation s’entrelacer ; gêne et confusion conjuguer le même verbe ;responsabilité, suivre d’un pas grave,pour parler comme le Pr. Niane Tamsir Djibril. Les sanctions tombent tous azimuts.
La HAC sort ses griffes, suspend ses deux commissaires le 13 juin « pour faute lourde. » Incomplet, le poids n’est pas marqué, proteste Toto. Redondant et ambigu ajoute de La Palice. Suspension va de pair avec jusqu’à nouvel ordre, sinon, on parle d’exclusion. Ce qui n’empêche pas nos compagnons Toto et de La Palice de s’interroger encore. L’article 2 de la décision précise que « les intéressés sont interdits de séjour à la HAC. » C’est quoi ça encore ? Comment ces deux hauts serviteurs de l’État vont-ils récupérer leurs effets personnels de bureau ? Peut-être le règlement intérieur va-t-il nous édifier. Pour le moment, la réponse ne figure ni dans les lois organiques passées ni dans le règlement intérieur de la précédente.
Qu’est-ce qui n’a pas marché pour que notre pays en arrive-là ? Le législateur a commencé par paver la voie du titre de membre de l’organe de régulation des médias : pas moins de 35 ans d’âge chronologique, compétence, expérience, intégrité, neutralités politique, médiatique… Rien que la république ! Patatras, le monde s’effondre à Kankan, loin de Chinua Achebe.
Les deux conseillers de la HAC manquent cruellement de niveau, professionnel, éthique, déontologique, politique et que sais-je encore ! Au poing d’ignorer qu’enregistrer une conférence de presse ne relève d’aucun délit. Le reporter du médium n’était pas invité ? La HAC est le meilleur rempart contre de telles bourdes. Rancunier, il leur cherche noise ? Une plainte en diffamation en perspective. Le plus grave est à venir : le niveau de langue appliqué « aux Hautes Autorités du pays. » On pourrait ne pas donner à Mamadi Doumbouya de l’honorable terme « Monsieur, » comme qui dirait Poutine, Macron, Modi, Biden, Trudeau…Non Laye Mady, même au cours d’une conférence de presse. Il n’a surement pas, avec le duo de conseillers de la HAC, gardé les vaches. Sanctionner Djéné et Tawel ne suffit pas. Que la HAC présente sa démission collective ! Elle ne sera certainement même pas acceptée. Loin d’une désobéissance, ce sera un symbole.
Diallo Souleymane