Depuis une semaine, la Cour de répression des infractions économiques et financières est dans une paralysie qui ne dit pas son nom. Elle résulte de la suspension de trois magistrats.
En prenant la décision de suspendre Alhassane Mabinty Cas-marrant, Mohamd Samoura et Oumar Doumbouya, Yaya Kaïra-bas Kaba ne s’attendait certainement pas à une telle conséquence. Le Garde des Shows l’apprend finalement à ses dépens. Les audiences à la CRIEF sont totalement à l’arrêt. Chaque jour pratiquement, une notification est prise pour annoncer que les audiences sont suspendues « pour raisons administratives.» Ces raisons, c’est bien la sanction contre les trois magistrats.
La Chambre de contrôle de l’instruction est totalement plombée. Alhassane Mabinty Cas-marrant, son prési fait partie des malheureux suspendus. Mais il y a surtout le cas de l’assesseur Samoura. Il siège pratiquement dans tous les dossiers qui passent devant la Chambre de jugement aux côtés du président Yagouba Conté. Le remplacer serait synonyme d’une composition, et cela entraînerait de facto la reprise à zéro de tous les dossiers. Le 27 mai, il était dans la salle d’audience, les affaires avaient même commencé à être appelées avant que quelqu’un ne rappelle au parquet spécial qu’il était suspendu et que ce dernier ne demande la suspension des audiences. Depuis, il n’y a plus d’audience.
Les trois concernés sont désormais à la Maison, en attendant de connaître leur sort. Le Garde des Shows, pour motiver sa décision, invoque une « insuffisance professionnelle mise en évidence par un dispositif en tous points contraire aux dispositions légales et atteinte manifeste aux droits de la défense par exclusion de toute possibilité de recours nonobstant les dispositions d’ordre public.» Les suspendus disent pourtant ignorer les motifs de leur sanction. L’un d’entre eux pense même qu’il ferait l’objet d’un règlement de compte du fait de son refus de faire « la courbette.»
Si le ministre ne fait pas explicitement mention de l’affaire qui engendré ces sanctions, une source auprès de la CRIEF évoque une décision judiciaire prise par la Chambre de contrôle de l’instruction qui aurait fuité avant même le jour où elle devait être rendue publique. Les avocats de la défense auraient eu vent de cette décision sur les réseaux sociaux alors qu’elle devait intervenir le lendemain. Cela aurait fortement déplu au département de tutelle.
Mais pour beaucoup, les problèmes de cette CRIEF iront crescendo. Déjà confrontée à un manque probant de résul-tares, des travailleurs au sein de cette juridiction pensent qu’elle a été vidée de ses meilleurs éléments par l’ancien garde des Garde des Sceaux, Alphonse Charles Wrong.
Yacine Diallo