Le procès de Djénè Diaby et Ibrahima Tawel Cas-marrant s’est achevé le jeudi 20 juin, au tribunal de première instance de Kaloum. Le tribunal condamne les deux commissaires de la Haute autorité de la communication à 8 mois d’emprisonnement.
Djénè Diaby et son compagnon d’infortune, Ibrahima Tawel Cas-marrant vont passer un petit séjour à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie. Trimballés devant dame Thémis pour avoir affirmé, sans preuves, lors d’une mission à Kankan, que le Chef de la junte, le général Mamadi Doum-bouillant a versé des centaines de milliers d’euros à certains patrons de presse pour que ceux-ci rangent leur indépendance dans le placard et soutiennent toutes les actions du CNRD, ils écopent huit mois de gnouf dont sept avec sursis. Ils sont aussi condamnés à payer un petit million de francs glissants d’amende.
Les deux prévenus avaient reconnu sans détour, à l’audience du 19 juin, leur « forfaiture ». Ils regrettent des propos tenus « dans l’euphorie » et demandent pardon au Prési de la transition et aux patrons de presse incriminés. Ces excuses n’ont pas empêché le pro-crieur de requérir leur emprisonnement. Mohamed Bangoura estime que leurs « graves » propos ne sont qu’une pure diffamation : « Ils sont allés au-delà de la mission qui leur a été assignée, se sont mis à tenir des propos qui portent atteinte à l’honneur et à la dignité du Chef de l’État. Lorsqu’on affirme, sans aucune preuve, que le Chef de l’État a versé de l’argent aux patrons de presse, qu’il est prêt à écraser tout le monde pour conserver le pouvoir, c’est une diffamation. » Il demande au juge, Ousmane Sylla, de retenir Djénè Diaby et Ibrahima Tawel Camara dans les liens de la prévention, en les condamnant à un an de prison dont huit mois avec sursis et au paiement d’un million de francs glissants d’amende.
Pour la défense, il n’y avait pas lieu d’envoyer les prévenus en prison, d’autant plus qu’ils ont reconnu leur erreur : « Les faits sont regrettables, mais nous implorons la clémence du tribunal. Nos clients sont des délinquants primaires », déclare Me Bakary Millimouno. L’avocat dénonce le fait que le parquet de Kaloum ait décidé de juger ses clients sur la base du Code pénard, alors que le délit a été commis par voie de presse : « Le Code pénal ne tient pas dans cette procédure. Le seul élément à la disposition du parquet est un élément audiovisuel relayé par la presse. Ces propos ont été tenus au cours d’une conférence de presse, à la Maison de la presse de Kankan. Nos clients doivent être jugés sur la base de la loi L/002 portant liberté de la presse. »
Le juge les a finalement déclarés coupables du délit de diffamation. La défense décide de relever appel : « Nous allons le faire à cause de la maladie d’un de nos clients », ajoute l’avocat. Ibrahima Tawel Cas-marrant traîne un diabète depuis des années : « Mon pied gauche est même infecté », fait savoir le prévenu au tribunal.
Les deux commissaires, après leur sortie médiatique à Kankan le 12 juin, ont été suspendus de leur fonction, interdits de mettre le pied à la HAC jusqu’à nouvel ordre. Ils attendront la suite de la procédure à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie.
Yacine Diallo