Les plaidoiries des avocats de la défense se poursuivent au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry. Ce lundi 3 juin, la parole était aux avocats du colonel Moussa Tiégboro Camara qui ont clamé l’innocence de leur client.
Aux yeux de Me Jean Moussa Sovogui, le parquet et les avocats des parties civiles ont manqué de stratégie dans leurs différentes et précédentes interventions. «Au départ, le parquet parlait de requalification en crime de droit commun. Puis, en crime contre l’humanité. Le parquet est paniqué, embarrassé.» Quant aux avocats des parties civiles, l’avocat du colonel Moussa Tiégboro estime qu’ils ont péché dans l’évaluation des montants de la réparation des préjudices subis par les victimes. «Ce n’est pas un forfait, les règles sont établies », a rappelé l’avocat. En adossant la demande de réparation à l’Etat, Me Sovogui pense que les parties civiles prêchent dans le désert, l’Etat n’étant pas partie au procès. Il demande au juge de déclarer mal fondées les prétentions de l’action civile des « prétendues » parties civiles.
De l’irrecevabilité de 27 parties civiles
Les avocats du colonel Moussa Tiégboro Camara soulèvent l’irrecevabilité de constitution de 27 parties civiles, dont le Dr Ben Youssouf Keita, Oumar Dioubaté, Abdoul Hamid Diallo, Me Thierno Souleymane Baldé, Effrem Kamanda Soumah, Mamadou Kaly Diallo, Mouctar Bah. Concernant Maître Baldé et Mamadou Kaly Diallo, Me Sovogui justifie qu’ils n’ont rien à avoir avec le dossier. «Cette affaire concerne uniquement le 28 septembre 2009. Le protocole signé entre la République de Guinée et la Cour pénale internationale vise le 28 septembre 2009. » Également l’avocat demande de rejeter la constitution des ONGs de défense des droits de l’Homme (FIDH, OGDH et AVIPA), au motif qu’elles ne peuvent justifier, par leurs agréments, qu’elles agissent dans leur domaine cinq ans avant la commission des faits. Une exigence de la loi, selon l’avocat.
« Tiégboro est innocent »
«Les faits n’ont rien à avoir avec les discussions, les discussions n’ont rien à avoir avec les peines proposées. Le parquet a préféré garder la position des juges d’instruction alors que ceux-ci ont failli. Les Services spéciaux (que dirigeait à l’époque son client, ndlr) étaient au Stade pour empêcher les loubards de commettre des barbaries. Le colonel Tiégboro Camara n’a donné aucun ordre aux gendarmes » sur les lieux du massacre, assure l’avocat. Maître Sovogui persiste qu’aucun témoin n’aurait vu son client ouvrir le feu sur un manifestant.
Le parquet, lors de ses réquisitions, avait soutenu qu’aucun accusé n’a eu de compassion pour les victimes. Maître Jean Moussa Sovogui d’y réagir. «C’est révoltant de dire que le colonel Moussa Tiégboro Camara n’a pas eu de compassion pour les victimes ! Lors de sa comparution, il a dit : Aujourd’hui est un grand jour. Je présente mes sincères condoléances aux familles des victimes. Aucun Guinéen n’a le droit de donner la mort à un citoyen. » L’avocat dénonce un acharnement contre son client par des témoins non crédibles. «Ce n’est pas à l’accusé de rapporter la preuve de sa culpabilité. Lui, il se défend », rappelle Jean Moussa Sovogui. «Les charges qui pèsent sur mon client ne peuvent pas être retenues par votre tribunal. Ces morts, nous les pleurons ensemble, mais le colonel n’y est pour rien », persiste l’avocat en s’adressant au juge Ibrahima Sory 2 Tounkara.
Mamadou Adama Diallo