Les plaidoiries des avocats de la défense se poursuivent dans le procès du massacre du 28 septembre 2009 au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Ce lundi 10 juin, ce sont les avocats du capitaine Moussa Dadis Camara, ancien président de transition au moment des faits, qui ont plaidé. Maître Almamy Samory Traoré a ouvert le bal.

L’avocat a entamé ses propos par dire qu’en poursuivant le capitaine Moussa Dadis dans ce dossier et à l’incarcérant, il y a eu une tentative d’humiliation d’un homme qui a été chef d’Etat. « Nous avons entendu des parties civiles dire ici : ‘’Si nous n’avons que le capitaine Moussa Dadis, ça va.’’ Quel mépris, quel acharnement ! Cela veut dire qu’en réalité, ce n’est pas la justice qui est recherchée, mais la condamnation d’un ancien chef d’Etat ».

Dans ses réquisitions, le parquet avait indiqué que les accusés n’avaient pas exprimé de compassion à l’endroit des victimes. Maître Traoré affirme qu’en le disant, le parquet voulait induire le tribunal en erreur. Parce que le capitaine Moussa Dadis Camara aura bel et bien présenté ses condoléances aux familles, notamment dans son PV d’audition de témoin, dans son PV à l’interrogatoire et à la barre, il a réitéré ses condoléances aux victimes. « Ce procès n’est pas le procès des membres du CNDD, encore moins la gestion du pouvoir », déclare l’avocat.

Selon lui, à l’époque le président Dadis avait pris toute une batterie de mesure pour éviter un rassemblement qui pourrait troubler l’ordre public. « L’Etat républicain a pris la police administrative pour prévenir tout risque. Trois mois avant, l’autorité Républicaine d’alors avait pris une décision interdisant les manifestations dans les rues et les places publiques. Ensuite, il a pris un décret pour dire que le 28 septembre 2009 était férié, le Directeur du stade et le ministre des Sports avaient informé les leaders que la Guinée devait jouer contre le Burkina-Faso. Donc, non seulement de reporter à un autre jour, mais de faire le meeting au stade de Nongo. La manifestation était interdite, il est allé jusqu’à supplier un leader politique. Est-ce qu’il pouvait faire mieux ? », s’est interrogé Maître Almamy Samory Traoré.

Malheureusement il y a eu le massacre. Mais en tant que chef d’Etat, l’avocat a expliqué que le Président Dadis avait ordonné de soigner les blessés, il a créé une Commission d’enquête nationale pour situer les responsabilités. Selon lui, tout cela démontre que l’ancien président du CNDD ne peut pas être responsable du massacre, encore moins complice. Puisque depuis le début du procès, estime Me Traoré, aucune preuve n’a été brandie pour dire que le capitaine Moussa Dadis a commis une infraction. Il soutient que le parquet n’ayant pas pu prouver la culpabilité de l’ancien président de la transition de 2009 dans les infractions de droit commun, il s’est mué à la requalification des faits en crimes contre l’humanité. « Ce qui ne marchera pas », dit-il, puisque selon lui, cette infraction n’a pas fait l’objet de débats au cours du procès. C’est pourquoi, il demande au tribunal d’acquitter le capitaine Moussa Dadis Camara.

Du rôle régalien de l’Etat

Maitre Almamy Samory Traoré a fait fi des remerciements destinés aux autorités de la transition, sous lesquelles le procès du massacre du 28 septembre 2009 s’est ouvert. L’exercice auquel de nombreux avocats se sont livrés.  « C’est le rôle régalien de l’Etat d’organiser des procès. Je ne vais pas remercier quelqu’un pour avoir fait son travail, celui d’organiser le procès du massacre du 28 septembre 2009 », a-t-il affirmé.

L’audience se poursuit, avec la plaidoirie de Me Antoinette Ouédraogo, autre avocate de Moussa Dadis Camara.

Mamadou Adama Diallo