Dans les plaidoiries du procès du massacre du 28 septembre 2009 de ce 4 juin, les avocats du colonel Moussa Tiegboro Camara demandent de rejeter la liste des témoins qui ont défilé à la barre. Pour eux, leur client était plutôt un sauveur, non un bourreau.
Me Lanceï 3 Camara a indiqué que ce sont des témoins privilégiés que le parquet et les avocats des parties civiles ont amené. Ceux-ci ont raconté ce que d’autres personnes leur ont dit, alors que le témoin c’est celui qui a vu et entendu sur le terrain. « C’est un témoignage léger qui a été fait. Ce type de témoignage n’intéresse pas le juge. C’est pourquoi je vous demande de rejeter ce type de témoin ». Avant de dire que « les éléments sonores et visuels ont fait jaillir la vérité sur client. Ce sont des éléments qui plaident à la faveur de nos clients. C’est pourquoi le juge va rejeter les réquisitions du parquet. Au regard des éléments du débat, de l’absence totale de preuves, nos clients sont innocents ».
Manque de stratégie des avocats des parties civiles ?
Maître Lanceï 3 Camara a dit qu’au début du procès, il avait prédit l’échec des avocats des parties civiles. « Parce que je voyais que la stratégie adoptée n’était pas adaptée. C’est le premier procès de crimes de masse que la Guinée a connu. Les crimes de masse imposent l’administration des preuves et cette administration des preuves impose une certaine technologie. Si on ne veut pas mentir, si on ne veut pas agresser la foi, la morale. La présence d’un cadavre, la présence d’une victime ne signifie pas qu’il y a infraction. Vous avez l’obligation de prouver que vous reprochez avoir posé un acte, que c’est tel qui avait posé l’acte. Or, parmi toutes les disciplines de droit, c’est le droit pénal qui est le droit exact. Il n’y a pas de philosophie, pas d’affirmation gratuite. C’est le droit le plus précis, le plus concis. Si vous n’avez pas d’éléments probants pour asseoir la conviction du juge, pour attester que c’est tel ou tel qui a causé un acte (…) Les accusés n’ont pas pour rôle de prouver qu’ils sont innocents. C’est pourquoi, il y a la présomption d’innocence. Il appartient à la personne qui poursuit de prouver que la personne poursuivie est coupable… », a relaté Me Lanceï 3 Camara.
Mamadou Adama Diallo