Le 14 juillet, un grave accident de la circulation s’est produit non loin du rond-point de Hamdallaye dans la commune de Ratoma. Le drame suscite une énorme polémique, notamment sur son bilan humain. Les agents de l’Etat ont eux-mêmes eu du mal à parler d’une seule voix.
Jusque dans l’après-midi de ce dimanche 14 juillet, tout se passait bien sur le tronçon Hamdallaye-Bambéto pourtant en proie à des violences récurrentes ces derniers temps à cause des délestages. Tout a basculé peu avant 17h, quand un camion-remorque dont le chauffeur a perdu le contrôle a percuté d’autres engins. Le gouvernement, dans un communiqué, a annoncé 26 blessés dont 4 graves, une dizaine de véhicules et 2 motos endommagés. Pas de perte en vies humaines en revanche. A la place des défaillances techniques du véhicule qui ont conduit à l’accident, le porte-parole du gouvernement accuse « l’occupation anarchique des abords des routes. » Il promet de prendre des actions concrètes pour « réguler et sécuriser les abords des routes, afin de garantir la sécurité des usagers et des riverains. » Comme si les occupants des emprises étaient à la base de l’accident.
Pourtant, les images du choc ont rapidement fait le tour de la toile. Des témoins ont annoncé immédiatement des morts, et des personnes, non des moindres, ont donné un bilan d’au moins 30 morts. A commencer par l’ex-Président Alpha Condé qui, depuis son exil turc, s’est fendu d’une publication sur les réseaux sociaux où il a parlé d’une « trentaine de morts ». Le président du Conseil national de la transition, Dans Kourouma, a lui aussi présenté les condoléances aux « familles des victimes », a appelé les Guinéens « en ces moments difficiles, à rester unis et solidaires ». Avant de se raviser finalement : « Un ouf de soulagement, il n’y a pas eu de pertes en vies humaines. »
La confusion ne s’est pas arrêtée là. Le président de la délégation spéciale de Ratoma s’est rendu immédiatement sur les lieux de l’accident. Ahmed Sékou Traoré a lui aussi évoqué des cas de morts : « Quand je suis arrivé, j’ai trouvé que parmi ceux étaient aux abords de la route des blessés et des morts. Pour le moment, je ne peux pas dire avec justesse le nombre de morts. Mais quand vous regardez le nombre de véhicules et de motos touchés, vous pouvez imaginer le reste. Mais nous attendons la version officielle. »
Et cette version officielle dit finalement qu’il n’y a pas eu de morts. Mais elle a du mal à passer chez certains témoins de l’événement : « Ce n’est pas les démentir, mais de ce que j’ai vu, il y’en a parmi les victimes qui n’avaient pratiquement pas de chance de s’en sortir. C’était si violent qu’on a eu du mal à sortir certaines victimes des véhicules. Mais peut-être qu’ils ont eu de la chance. »
Yacine Diallo