Le district de Moribadou, dans la sous-préfecture de Gnonsomoridou a été le théâtre de violences entre jeunes du coin et forces de défense et de sécu. Morts, blessés, mais aussi dégâts matériels à n’en pas finir. Rio Tinto, la société qui exploitera le minerai du Simandou dans la préfecture de Beyla, réagit.
La junte militaire au pouvoir ne le cache pas. Elle compte en grande partie sur le minerai du Simandou pour sortir le bled de l’ornière. Dans certaines zones, des tensions surgissent, comme à Beyla qui abrite les blocs 3 et 4 du Siamandou. Les 16 et 17 juillet, de violents accrochages ont éclaté dans le district de Moribadou, buisson de Gnonsomoridou. Le populo du coin, frustré par ce qu’il appelle « recrutement sélectif » effectué par BCEIP (société de sécurité qui assure la surveillance et le gardiennage) dans le cadre du méga projet du gisement de fer, a exprimé son ras-le-bol dans la rue. Les manifestants ont érigé des barricades, brûlé des pneus sur pratiquement toutes les voies menant au district, pour montrer qu’ils sont opposés à ce recrutement « désavantageux ». Ils ont affronté flics et pandores, appuyés par des bidasses déployés, dit-on, sécuriser les installations de la société minière. Lourd et triste bilan : au moins deux morts, dizaine de blessés dont des hommes en uniforme et des dégâts importants. Les manifestants se sont attaqués aux installations de BCEIP, vandalisé et brûlé des teufteufs.
En représailles, les farces de défense et de sécu-raté investissent le coin, frappent et arrêtent tous ceux qu’ils voient. Le village est actuellement militarisé. Apeurés, les habitants se sont réfugiés en brousse. Ils accusent le Gouv de la région de N’Zérékoré, le contrôleur gênant de police, Lamine Keïta, d’avoir ordonné les bavures : « C’est lorsque le gouverneur est arrivé avec les forces de défense et de sécurité, qu’ils ont fait des tirs de sommation et lancé des gaz lacrymogènes sur la population. Il y a eu des morts par balles perdues et des blessés dans le rang des manifestants », explique un témoin à nos con(.)frères de Guineematin. Faux, dément un proche de l’administrateur. Selon lui, les farces de défense et de sécu n’ont réagi qu’après les « attaques subies par la délégation. Dès que nous sommes arrivés, ils ont commencé à jeter des cailloux. Les gardes ont utilisé le gaz lacrymogène, pour les disperser , clame-t-il.
La société minière Rio Tinto, qui évolue dans la zone, est censée exploiter deux des quatre blocs du Simandou. Si elle n’est pas directement citée dans cette affaire, elle dit prendre déjà les choses en main. Pour prévenir ce qui arrive à la BCEIP ? Rio Tinto annonce en tout cas sa volonté de poursuivre les efforts de dialogue : « Nous collaborons étroitement avec les autorités locales, pour gérer et résoudre les perturbations autour du site minier de Simandou. Nous poursuivons également notre engagement avec les communautés locales pour garantir un dialogue ouvert et transparent. La santé, la sécurité et le bien-être de nos employés, sous-traitants et des communautés locales sont notre priorité absolue. Nous avons mis en place des restrictions et des protocoles temporaires pour assurer la sécurité de notre personnel durant cette période. »
Pour le moment, le calme est revenu dans le village. Mais les hostilités pourraient reprendre à tout moment, tant Moribadou est déterminé à ne pas avaler la pilule de la BCEIP.
Yacine Diallo