Amadou Damaro Camara était de nouveau devant la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief ce 8 juillet. L’audience a une nouvelle fois été consacrée aux pièces comptables versées à la Chambre de jugement concernant l’utilisation des quinze milliards de francs guinéens, mais aussi aux différents biens de l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Pendant son témoignage, dame Aïssatou Diallo, trésorière de l’Assemblée nationale, avait déclaré détenir la preuve des dépenses effectuées par Damaro. Elle a été interrogée sur des « contradictions» constatées entre les chèques bancaires et les factures.
Après l’emprisonnement d’Amadou Damaro Camara, a été prise une ordonnance de saisie de ses biens immobiliers à Matoto, Sonfonia, Kérouané, Damaro, Monchon ou encore à N’Zérékoré. Pendant les débats, il lui avait été demandé de fournir les documents de ces biens. A l’audience de ce 8 juillet, le juge, Yagouba Conté a demandé plutôt au prévenu de prouver que certains biens saisis ne lui appartiennent pas : « Vous devez nous fournir des pièces qui montrent que vous n’êtes pas le propriétaire de ces biens. »
Cette demande n’a pas plu à Damaro : « J’ai quitté la fonction publique il y a 39 ans. La Maison de Sonfonia a été achetée par ma première femme depuis 2000. J’ai acheté ma maison de Matoto en 1993. A Kérouané, Damaro et N’Zérékoré, ce sont des concessions familiales, je ne vois pas l’opportunité de cette demande. Surtout qu’au village, il n’y a pas de titre foncier », explique le prévenu. Mais le juge insiste : « Produisez toutes les pièces qu’on vous demande. C’est par rapport à l’accusation d’enrichissement illicite ». Yagouba Conté demande aussi la production des relevés bancaires d’Amadou Damaro Camara : « Je vais vous aider, j’ai deux comptes bancaires, un à la Vista-Gui avec deux millions de francs guinéens, un autre à UBA avec 350 millions de francs guinéens. Même si le Parquet spécial m’avait accusé au début d’être le principal actionnaire d’ECOBANK. »
Pour Me Santiba Kouyaté, le parquet spécial et la partie civile tentent de faire trainer le dossier parce qu’ils n’ont « aucun élément de preuve contre notre client. On ne peut pas emprisonner quelqu’un et se mettre à chercher des preuves. Toutes ces manœuvres, c’est pour continuer à le garder en prison. » Aly Touré de rétorquer : « La défense ne sait-elle pas que l’instruction définitive c’est à la barre ? » S’en suivent des invectives. Le juge coupe court et renvoie l’affaire au 10 juillet.
Yacine Diallo