Le 12 juillet, Mohamed Diané était devant la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’ex-ministre de la Défense nationale et des Affres présidentielles n’a une nouvelle fois pas voulu répondre aux questions. Il demande à se faire soigner.

A l’audience du 10 juillet, Mohamed Diané n’a pu se rendre dans la salle d’audience de la CRIEF. Il se disait « malade et incapable » de sortir de sa cellule. Le parquet spécial près la juridiction et la partie civile ont assimilé son absence à un refus de comparaître. Le pro-crieur spécial, Aly Touré, était convaincu que le prévenu fuyait la justice, parce que dès « qu’on a parlé de l’identification de ses biens, il a compris que les choses sont sérieuses ont commencé. » Il l’a réitéré le vendredi 12 juillet : « Le prévenu fait tellement du dilatoire dans cette procédure qu’on n’en peut plus », déclare Aly Touré.

« Je n’ai pas accès à mon médecin »

Mais Mohamed Diané a tenu à se présenter à l’audience pour, dit-il, démontrer qu’il ne se porte pas bien : « Je suis malade, contrairement à ce que j’ai entendu ici. Je tenais à être là pour montrer que l’histoire de mes biens et ceux de mes proches n’ont rien à voir avec ma santé. J’ai besoin de voir mon médecin, pour des examens médicaux. Je n’ai aucun autre commentaire à faire sur quoi que ce soit ». Le juge veut connaître la pathologie du prévenu. Celui-ci réplique : « Je ne vais pas vous le dire en public. Sachez que je n’ai pas fait de consultations depuis un an. Avant-hier, ma tension est montée à 18, j’ai demandé à être consulté, cela n’a pas été fait. Je n’ai pas accès à mon médecin », répète le Diané.  

Pour Me Pépé Antoine Lama, avocat (sans vinaigrette) de l’Agent judiciaire de l’État, les raisons invoquées par l’ex ministre pour manquer les audiences ne tiennent pas la route : « Il dit qu’il est malade, mais a déjà adressé un courrier à cette Chambre pour demander l’arrêt des audiences jusqu’à sa libération. Mais il doit savoir que la Chambre de jugement n’est pas la gardienne de l’exécution des arrêts de la Cour de justice de la CEDEAO. Il doit arrêter de faire objection à l’évolution de cette procédure ».

La Cour autorise finalement le prévenu à se faire consulter par son médecin traitant. Il sera convoyé par les agents de l’administration pénitentiaire. Le juge rappelle que cette consultation ne peut en aucun cas empêcher la continuation des débats.

S’agissant de l’identification des biens de Mohamed Diané et de ses proches à Cona-cris ordonnée par la Chambre, le pro-crieur spécial informe que les agents de la Direction nationale des domaines et du cadastre (DOCAD) y travaillent toujours : « A la DOCAD, ils assurent qu’ils travaillent, les résultats seront là bientôt », a affirmé Aly Touré.

La partie civile n’est pas de cet avis : « Ces cadres sont des freins à l’exécution des décisions de justice. La vérité est qu’ils ne veulent pas coopérer, je sais de quoi je parle. Ils prennent les ordonnances, les mettent dans les tiroirs. » Me Pépé Antoine Lama demande la comparution des directeurs généraux de la Conservation foncière et de la DOCAD : « Cela vous permettra de comprendre qu’ils sont les complices des prévenus ». Mais sa demande n’a pas prospéré. L’affaire est renvoyée au 17 juillet, pour la suite des débats.

Yacine Diallo