La défaite du Rassemblement national aux élections législatives françaises du 7 juillet dernier a dissipé l’angoisse de la communauté africaine vivant sur le sol français. La victoire de l’extrême droite était synonyme de la remise en cause de la politique d’immigration. C’est un sursis en attendant l’inévitable conquête du pouvoir par ceux qui ne jurent que par le slogan à la Donald Trump : la France d’abord.

La tentative d’assassinat contre l’ancien et probable futur président des Etats-Unis a rendu service à ce dernier. Pendant que son concurrent, le Démocrate, affiche chaque jour l’image d’un homme diminué à la fois physiquement et mentalement, Trump, lui, se montre pétillant de forme et plutôt combatif. Il ne manquera pas d’exploiter cet attentat pour rehausser sa cote de popularité. Or, son retour au pouvoir sera tout sauf calme et tranquillité pour les nombreux immigrés. Surtout ceux qui ont franchi récemment les frontières américaines.

Pour le cas des Guinéens, la situation intérieure apporte de l’eau au moulin aux nombreux demandeurs d’asile. Mme si on a l’impression que la junte militaire bénéficie encore d’un état de grâce, – le totalitarisme en cours dans le pays suscite moins d’échos que par le passé-, les défenseurs des droits de l’homme sont au courant de la répression féroce qui s’abat sur les voix dissonantes.

Il sera donc difficile pour n’importe quel gouvernement de mettre un Guinéen dans un vol destination Conakry dans le contexte actuel. Si la plupart des demandeurs d’asile sont des militants de l’opposition pour le besoin de la cause, le pouvoir de Conakry ne fait rien pour convaincre les pays d’accueil que les jeunes qui prennent d’assaut leurs services d’immigration ne sont pas persécutés dans leur pays.

Jamais, depuis la fin de la révolution, il n’y a eu autant de Guinéens dehors. Or, il n’existe pas un meilleur indicateur de la mal gouvernance que la fuite massive du pays. Un vieil adage nous apprend que si le singe trouvait ses besoins sur l’arbre, il n’aurait jamais pris le risque de descendre sur terre. Si la jeunesse guinéenne fuit le pays, c’est que celui-ci est mal géré. Aussi bien sur le plan politique qu’économique.

Ce n’est pas avec des slogans et des chansons démagogiques qu’on peut retenir la jeunesse. Si les chansons telles que la Guinée est une terre où il fait vivre pouvaient inciter les Guinéens à rester ou à rentrer au pays, il n’y aurait eu ni exilé ni refugié guinéen à l’étranger durant le règne de la révolution. Pour illustrer cet argument, il existe un cas palpable. Il y a quelques années, les cordonniers ghanéens, caisse à outils en bandoulière, arpentaient les rues d’Abidjan, de Dakar, de Conakry et de toutes les autres capitales et villes de la région. Depuis que les autorités ghanéennes ont décidé de redorer le blason de leur pays, leurs compatriotes ont regagné le bercail.

Le jour où il y aura la sécurité et la justice pour tous et une meilleure répartition des richesses du pays, les Guinéens reprendront le chemin de retour. D’ici-là, ni Trump ni Le Pen ne peut les empêcher de vivre dans ces pays.

Habib Yembering Diallo