Il s’en est fallu de peu que l’Histoire ne se répète en bégaiement lors des funérailles de deux de nos célèbres disparus : le Secrétaire Général du PDG en 1984, et l’ancien Chef d’état-major général des armées quelque 40 ans plus tard. En 2024. On se le rappelle, le 26 mars 1984, mouraient chez les impérialistes américains de Cleveland, la Révolution guinéenne et son Responsable Suprême, le Président Ahmed Sékou Touré.

Rapatriée le 28 mars, sa dépouille mortelle « a été exposée » deux jours durant, sous l’œil vigilant de mollahs marocains, aussi versés dans le Saint Coran que dans les arts martiaux, puis inhumée le 30 mars au Mausolée de Camayenne. Avec les soins de l’entourage, la prudence à fleur de peau ; suspicion et minutie, toutes antennes dehors ; l’abondance des coups d’œil furtifs, ajoutés au cercueil hermétiquement plombé, s’évapore tout espoir de voir pour la dernière fois le visage du défunt Président. Les hôtes de marque s’interrogent. Les délégués grommèlent, Félix Houphouët Boigny proteste. La tension diplomatique monte crescendo. Un entrefilet du Canard Enchainé enfonce le clou : « Sékou Touré est enterré en Arabie Saoudite. »

N’eût été le changement d’époque, de décor, de mentalité, Général Sadiba aurait été inhumé dans des circonstances quasi analogues. Le doute en plus accentué. L’ex chef d’état-major désarmé meurt le 22 juin 2024. Constat fait deux jours plus tard, le 24 juin. Annonce, le 25. Inhumation à Mandiana, le 28. Juste le temps pour accélérer la rumeur. Absolument normal, dirait Dago, noir de colère contre notre espace médiatique national, version CNRD.

Les bonnes âmes ont vite fait de réveiller les vieux démons de 1984. Les plus perspicaces câblent de Cona-cris : « Attention Mandiana ! Prévenez Magaly Faraba, le village natal de Sadiba, qu’on lui a envoyé un cercueil vide ! Nous avons le devoir de vous avertir. A vous de jouer, que dis-je, de déjouer.» Et Mandiana d’accourir du nord au sud, d’est en ouest, pour réserver à feu Général Sadiba l’enterrement qui sied. Parmi les compagnes les plus éplorées, finesse, politesse, détermination, fougue, fermeté… Le cortège funèbre arrive saint et sauf. Vérifier aura été la chose la mieux partagée ce jour-là à Mandiana. Rabbanas écourtés. Personnalités écartées. Presse, boudée. Pas d’Espace pour quelque site web que ce soit, encore moins pour autres miradors inaccessibles et canulars déchainés. On vérifie. Tout est en ordre dans le cercueil. Fort heureusement ! Ragots aux calendes. Place à l’inhumation, dans l’intimité.

La leçon de tout cela ? Je ne sais moi, pris que je suis en sandwich entre le passé grimaçant et l’avenir incertain. Le présent, alors !  Il est où ? Je le cherche, à la loupe.

Diallo Souleymane