Quand un inquiet perpétuel juge nécessaire d’exprimer ses inquiétudes à haute voix, ne le prenez d’office ni pour un familier de La Palice ni pour un futur opposant encore moins pour un éventuel dissident ! Un proverbe de chez nous dit : « Ajouter du miel au miel vise simplement à en augmenter la quantité, non le goût. » Si le Pro-crieur général près la Cour d’Appel de Cona-cris avait soupçonné que les Guinéens qu’il est censé  protéger pouvaient associer le miel à une affaire d’enlèvement, il aurait capitulé dans de termes moins lénifiants. Aussi, son communiqué du 17 juillet en est-il des plus qu’inquiétants. Il fait peur. Carrément.

La rumeur a poussé le Procureur, protecteur principal des libertés individuelles et collectives à informer « l’opinion nationale et internationale qu’au regard des objectifs recherchés par les manipulateurs de tout bord,  aucun organe d’enquête n’a procédé à aucune interpellation ou arrestation de qui que ce soit ; mieux aucun établissement pénitentiaire du pays ne détient ces personnes faisant objet d’enlèvement. » Et le communiqué d’étaler sur la même liste le nom des disparus : Colonel Cécé Célestin Bilivogui, Sergent-Chef Moussa Cheikh Soumah, Oumar Sylla dit Fonikè Mangué et Mamadou Billo Bah. Il omet, certainement par oubli, la date, l’heure et les circonstances des enlèvements. Colonel Cécé Célestin Bilivogui et Sergent-Chef Moussa Cheikh Soumah ont disparu début novembre 2023. Quelque 9 mois après, le 9 juillet 2024, Foniké Mangué et Mamadou Billo Bah, goûtent à leur tour à l’amère expérience des enlèvements nocturnes, à l’insu du Procureur Général, Fallou Doumbouya, le protecteur des libertés individuelles et collectives, comme le rappelle le communiqué n0 2 du Parquet Général  en date du 17 juillet. S’accentuent alors branle-bas, inquiétudes, interrogations, déception…

Pourquoi le Parquet Général et ses fins limiers ont-ils attendu neuf mois pour confirmer les enlèvements de ces pauvres protégés civils et militaires, alors que « les informations affectent la sérénité nationale,  créent en même temps une psychose et un sentiment d’insécurité au sein de la population et portent gravement atteinte à l’image de notre pays tant sur le plan national qu’international ? » Pourquoi avoir donné l’impression au député sénégalaid du Pastef, Guy Marius Sagna, devant la CEDEAO entière, que nous confondons vaillamment la vie du Guinéen à celle de la poule ou de la chèvre ? Sûr que nous  sommes choqués, mais force est de « parler à chacun le langage qu’il comprend. »

Comment, grand dieu, dans une affaire d’enlèvement d’éminents membres des forces armées et de la société civile, a-t-on réussi à découvrir « les manipulateurs de tout bord » avant les criminels encagoulés » qui ont alpagué Foniké Manguè et Billo Bah à Hamdallaye ? Il faut espérer que la liste commune des militaires et des civils, publiée par le Parquet Général, ne cache rien d’autre que l’égalité des justiciables devant la justice.

Si le monde entier exprime ses inquiétudes face aux rapts en Guinée, c’est parce que le 21 septembre 2023, l’autre Doumbouya, le Chef de l’État, a rassuré, « la Guinée continue de fonder un espoir en l’Organisation des Nations Unies pour trouver des solutions idoines aux questions auxquelles notre monde continue d’être confronté. » Puisqu’il s’agit de déficit de justice, la balle est forcément dans notre camp.

Diallo Souleymane