C’est devenu une habitude en Guinée. Le décès d’un magistrat paralyse cours et tribunaux dans tout le pays. Cela est arrivé il y a un peu plus d’un mois, quand une magistrate travaillant à la Cour d’appel est décédée. Ce 10 juillet, c’est encore la même chose. La mort d’une autre magistrate à la retraite cette nuit a conduit à l’arrêt de toutes les juridictions.

La décision aurait été prise par le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kaïraba Kaba : « C’est en guise de solidarité de corps. La décision a été prise au ministère », explique un substitut du procureur travaillant à la Cour des répressions des infractions économiques et financières, CRIEF. Dans cette juridiction, les dossiers des anciens dignitaires, Mohamed Diané, Amadou Damaro Camara et compagnie, Oyé Guilavogui, Mamadou Diouldé Diallo de la SEG, devaient se poursuivre ce mercredi devant la Chambre de jugement. Mais tous ont été renvoyés à une date ultérieure, à cause du décès. Au grand dam des détenus. 

Cette solidarité de corps est à géométrie variable. Au sein de l’appareil judiciare, elle ne s’applique qu’aux magistrats. Dans la nuit du 9 juillet, la garde pénitentiaire, Mabinty Kabélé Soumah est décédée. Incarcérée suite à l’évasion des détenus Jean-Claude Pivi alias Coplan, Moussa Tiégboro Camara, Blaise Goumou et l’ancien Chef de la junte, Moussa Dadis Camara, le 4 novembre 2023, elle est morte « au CHU Ignace Deen de suite de maladie ». Mais l’occasion n’a pas été donnée aux gardes pénitentiaires de faire le deuil et d’observer cette solidarité de corps. Le corps de Mabinty Kabélé serait encore à la morgue de l’hosto Ignace Deen, et les gardes pénitentiaires continuent de travailler. 

Yacine Diallo