Pour dénoncer la fermeture des médias, la cherté de la vie et l’enlèvement des activistes de la société civile, la Dynamique des organisations de la société civile guinéenne a appelé les Guinéens à descendre dans la rue. Une manifestation partiellement suivie, en dépit des menaces des autorités de la transition.
Les communiqués de la gouverneure de la ville de Conakry et du procureur général près la Cour d’appel de Conakry n’y ont rien fait. L’on est même tenté de dire qu’ils ont rajouté de l’huile sur le feu. Alors que l’appel à manifester de la Dynamique des organisations de la société civile guinéenne, DOSCG, s’étendait du 30 juillet au 1er août prochain, certains ont décidé de déclencher les hostilités ce 29juillet. De Hamdallaye à Wanindara, en passant par Koloma et Cosa, des groupes de jeunes ont barricadé l’autoroute Leprince, brûlé des pneus et empêché toute circulation. Ils montrent ainsi leur adhésion aux revendications de la société civile à savoir « la fermeture des médias, la cherté de la vie et l’enlèvement des activistes de la société civile. » Ils ont affronté les forces de défense et de sécurité à coup de pierres. Celles-ci répliquent avec du gaz lacrymogène et des coups de sommation parfois. La tension est beaucoup plus tendue à Wanindara où les courses-poursuites se sont poursuivies jusque dans le quartier. Il y aurait eu au moins un blessé grave. Un adolescent touché par un projectile a été admis dans une clinique du quartier.
Jusque dans l’après-midi, les échauffourées se poursuivaient dans ces zones. Des dizaines de blindés et de canons à eau chaude paradaient encore sur l’Axe Leprince. Pour intimider les manifestants ? Les autres parties de la capitale sont restées calmes, comme à l’accoutumée.
Malgré la pression, les organisateurs décident de braver l’interdit et de maintenir leur appel à manifester. : « Cette série de manifestations des 30, 31 juillet et 1er août, est mordicus maintenue et nous demandons à tous les Guinéens épris de paix et de justice de se mobiliser et descendre dans les rues de Conakry conformément à l’itinéraire indiqué : Rond-point Tannerie-Gbessia-Hamdallaye et Stade du 28 septembre », lit-on dans un communiqué de la DOSCG.
Dans un communiqué lu à la RTG, la gouverneure de la ville de Conakry et le procureur général près la Cour d’appel de Conakry ont menacé de sévir contre les organisateurs et toute personne qui répondrait à l’appel. Le magistrat estime que les organisateurs n’ont pas reçu d’autorisation de la part des communes concernées par les marches pacifiques. La Dynamique de la société civile dénonce une incompétence : « Ce communiqué du parquet général met la lumière sur l’incompétence de l’appareil judiciaire guinéen et la méconnaissance des règles et principes régissant le régime des manifestations en République de Guinée. Ce communiqué est en contradiction avec la Charte de la transition et les textes juridiques internationaux. Nous sommes dans un régime d’information. La seule responsabilité qui nous incombe est d’informer les autorités concernées par nos actions. Cela a été fait, les lettres d’information ont été respectivement déposées dans les communes de Matoto, Gbessia, Ratoma et Dixinn, décharges à l’appui. » Selon la structure, la posture des autorités dénote de leur volonté de « museler toutes les voix dissonantes et de bafouer les droits fondamentaux à la liberté de réunion et de manifestation garantie par la Charte de la transition et les instruments juridiques internationaux. » L’ambiance risque d’être électrique dans les prochains jours.
Yacine Diallo