Mory Djély Kouyaté est décédé le 22 juin à l’âge de 56 ans, en France après une longue maladie. “Bélébéléba”, a reçu les ultimes hommages.

Au palais du peuple, vers 11h, le cercueil est accueilli. Émotion à couper au couteau chez la famille éplorée, amis, collaborateurs, artistes, autorités en charge de la culture guinéenne. Des hommages à dythiranbiques : « très grand griot »,  « modèle, icône, source d’inspiration, idole, humble, grand homme de culture », etc. 

Une musique transgenre, transfrontière

Moussa Moise Sylla, ministre de la Culture, Tourisme  et Artisanat, garde le souvenir d’un artiste dont le talent et la passion ont transcendé les frontières nationales pour illuminer la scène musicale internationale. Mory Djély Kouyaté né dans la prestigieuse tradition des griots mandingues, en aurait porté fièrement l’héritage. « Son talent lui a valu le titre de “ténor mandingue”, “Bélébéléba”… Il a embrassé une carrière qui a su transcender les genres, explorant avec brio la musique mandingue, l’afro-pop, l’afro-blues, l’afro-cubain et l’afro-jazz. Ce n’est pas la mort que nous célébrons, mais la vie. Oui, la vie d’un artiste qui a su marier tradition et modernité, portant haut les valeurs de la musique guinéenne. »

‘’Un géant de la musique africaine’’

Le président de l’UNAMGUI, Union nationale des artistes et musiciens de Guinée, Mohamed Lakaras Sissoko, après les condoléances au nom de sa structure a vanté : « On peut effacer tout sauf les preuves d’une histoire vécue. Tu as un palmarès bien rempli de sept albums dont certains t’ont valu des distinctions tant au niveau national qu’international. Mory Djély Deen Kouyaté, vouloir parler de tous tes faits, une journée ne suffirait pas. L’UNAMGUI et le peuple de Guinée te disent merci. »

L’acteur et comédien Mamadou Thug, représentant de la culture au Conseil national de la Transition (CNT) pleure la perte d’un maître, d’un guide, d’un ami, d’un « géant de la musique africaine » avec qui il a eu le privilège de partager la scène : « Sa voix, ses mélodies et son art incomparable resteront à jamais gravés dans nos cœurs et nos esprits. Une légende vivante, un griot dont la sagesse et la générosité ont illuminé des générations entières. » Il a invité les artistes guinéens à suivre l’exemple de Mory Djély et à comprendre que l’État ne peut pas tout faire. « Il est crucial pour vous de vous organiser pour vos carrières artistiques. »

‘’Je suis fière de cet homme’’

Au nom de la famille, l’orpheline Djénè Deen Kouyaté a remercié la Guinée d’avoir honoré son père : « Cet homme de conviction et de parole était ma moitié, mon ami, mon amour, ma force, mon confident. Il a été mon guide, il nous a inculqué, à mes frères et moi : la foi, l’amour, le respect, la patience, le pardon et l’effort dans le travail. Je suis fière de cet homme. Mon père vit, il n’est pas parti. L’artiste du peuple avait un projet que nous avons promis de réaliser. Nous avons promis de sortir son album, et on le fera. Pour lui, c’était le projet de sa vie. Le plus grand album qu’il a réalisé avec amour, avant sa maladie. Mais hélas ! Je voudrais vous rassurer, cet héritage demeurera. »

Après les hommage et la mosquée pour la prière funéraire, le cimetière de Cameroun où repose pour l’éternité le célèbre « Bélébéléba ».

Abdoulaye  Bah