Un diagnostic sur le dysfonctionnement du paysage politique a été présenté aux acteurs politiques, partenaires et autres diplomages. Reste à savoir le motif réel de cette évaluation, tant les partis poétiques, non des moindres, contestent le résultat.

Un mois après l’évaluation des partis politiques, le ministère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation, MATD, a présenté son rapport le 18 juillet à Cona-cris. Durant trois jours, il a réuni représentants de partis politiques, diplomages, partenaires au développement. Excusez du peu ! De nombreux citoyens pensent que c’est une opération pour distraire populo et observateurs, pour éviter d’aller à l’essentiel : le retour à l’ordre Constitutionnel, assujetti à des préalables que le CNRD n’a pas encore mis en marche. Pourtant, il a inscrit le retour des civils au pourboire dans sa mission de Refondation de l’Etat.

Que des manquements

Pour revenir à nos moutons, Djénab Touré, la dirlote des affres politiques au MATD, a indiqué que les agents du département ont sillonné les 33 préfectures du bled. Ils ont évalué 122 formations politiques. Résul-tare, de ces 122 évalués, seuls 25% sont implantés au niveau national, 58% ont un siège national. Plusieurs autres n’ont pas de bureau national et sont représentés par un seul individu. Elle ajoute : « La plus forte représentation des partis politiques se trouve dans la région de N’Zérékoré, ensuite dans les régions de Kankan, Mamou, Boké, Faranah ; la faible représentation régionale est Labé. Le ratio de partis politiques disposant d’un agrément est de 94%, et 6% nous avons des difficultés, parce qu’il y a des agréments qui ont le même numéro, même jour de signature, même signataire. Ensuite, nous avons des agréments qui ont été donnés depuis 1990. Quelqu’un récupère un agrément, mais quand vous regardez sur la liste des fondateurs, il ne fait pas partie. Il n’y a pas eu de congrès pour qu’il puisse se retrouver à la tête de ce parti, il y a d’autres qui se réclament membres fondateurs, que le parti les appartient. » Selon dame Touré, les conflits autour des agréments foisonnent. Elle explique seuls 32% des partis ont fourni des statuts, un règlement intérieur ou la liste des membres fondateurs. Pour les autres, elle révèle que des changements seraient intervenus dans les statuts, sans congrès, sans l’aval des membres fondateurs.  Parfois, dit-elle, tout le bureau exécutif a changé sans aller au congrès. Ou encore, la liste communiquée et la liste existante au niveau du ministère sont diamétralement opposées.

Du fonctionnement

Parlant du fonctionnement des partis, notamment la périodicité des congrès, Djenab Touré déclare que 14 partis politiques n’ont pas fait de congrès, 77% doivent le faire, les trois prochains mois. Seuls 23% sont dans le délai, 52% de partis politiques ne disposent pas de siège, mais que 55% disposent d’une preuve de détention de siège national. Mais en réalité, raconte la directrice des affaires politiques, les « partis politiques n’ont pas de plan de formation formel même si certains sensibilisent leurs militants au cours de leurs assemblées générales. » Dans leur exercice, seuls six partis politiques ont fourni un état financier, les autres ne disposent même pas de compte bancaire. Dame Touré précise « qu’il n’est pas permis aux partis politiques de former des coalitions en dehors des joutes électorales. » Parce que selon elle, beaucoup n’ont pas d’agréments.

Contestations

Juste après la publication du résultat de cette évaluation, des partis politiques ont contesté le rapport. Déplorant parfois la démarche du MATD qui aura fait beaucoup de manquements. En conférence de presse, Faya Millimono, prési du Bloc Libéral, explique les ratés de l’opération : « Avez-vous la liste des membres fondateurs ? Nous l’avons fournie. Cependant, on nous dit que la liste n’est pas déposée. On nous demande : Depuis votre constitution, à combien d’élections présidentielles avez-vous participé ? Nous nous sommes constitués en 2013, et nous avons participé à une seule élection présidentielle, celle de 2015. Mais, il apparaît dans le certificat qui nous a été remis que nous avons participé à trois élections présidentielles sur six. On peut bien se poser la question : Qu’est-ce qu’on appelle élection présidentielle ? Peut-être avons-nous vu beaucoup d’élections présidentielles, mais je ne crois pas qu’il y en ait eu autant depuis 2013. Et quand on dit que nous avons eu deux élections locales depuis 2013, je dis non. Il n’y a eu que celle de 2018, le 4 février 2018. »

Moise Diawara, prési de la jeunesse du Mouvement démocratique libéral (MODEL), conteste une « confusion totale sur les résultats », arguant qu’ils ne « correspondent pas à l’évaluation réalisée. « Nos griefs concernent de nombreux points. Par exemple, au niveau des statuts, du règlement intérieur, de la liste des membres fondateurs, du titre foncier, etc., j’ai remarqué sur le résultat qu’ils ont mis : « NON ». Or, nous avons fourni toutes les informations relatives à ces critères. Nous remplissons tous les critères d’évaluation et nous avons pris soin de mobiliser tous les documents qu’on a mis à leur disposition, sur la base de la liste qu’ils ont fournie. Nous ne comprenons pas pourquoi les résultats sont contraires à ce que nous avons présenté ». Ça va barder.

Ibn Adama