Le procès de Simon Pierre Camara, Pépé Francis Haba et Cie a repris au tribunal correctionnel de Dixinn, ce jeudi 22 août. Des prétendus messages de soutien à des condamnés originaires de la Guinée forestière dans le procès du 28-Septembre ont été exposés par le ministère public qui est le plaignant.

Simon Pierre Camara, Pierre Kolomou, Ange Kolomou, Joseph Maomou, Bienvenu Théa et Pépé Francis Haba sont poursuivis pour ‘’atteinte et menace à la sécurité publique’’, sur la base des articles 31 et 32 de la loi sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel.

L’audience du jour est consacrée à la présentation des preuves. Un audio des échanges entre membres de l’ONG Messagers du peuple pour la paix et le développement (MPPD) a été écouté par le tribunal que préside Lansana Kéita. Simon Pierre Camara, le boss du MPPD et son bras droit, Bienvenu Théa, déclarent ne reconnaître aucune voix dans l’audio. Dans cet enregistrement, on parle de rencontres, de soutiens financiers, de mobilisations, entre autres. Le tout modéré par Simon Pierre Camara, considéré le ‘’cerveau’’ de l’affaire. Celui-ci, déclare au tribunal : « Honnêtement, je ne peux pas connaître tout le monde qui intervient dans l’audio. En réalité, on ne tient pas régulièrement nos rencontres. C’est lorsqu’il y a des informations à passer, des fonds à lever ou des soutiens à apporter, comme ce fut le cas des victimes de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Kaloum, que nous nous rencontrons.»

Dans l’audio, Simon Pierre Camara invite les membres du MPPD à aller au procès des événements du 28 septembre au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum. Le président de l’audience correctionnelle, Lansana Kéita, l’interroge sur le but de cette invitation. « Il ne s’agit pas de soutenir une communauté. C’est pour aller assister au procès afin de tirer des leçons. Ça n’a rien de communautaire », se défend Simon Pierre Camara.

Le président Lansana Kéita indique que les propos tenus sur les plateformes, notamment celui d’un certain Tamba qui appelle à couper les ponts de Faranah, de Kissidougou, de Guéckédou et de Macenta, « n’a aucun lien avec la paix », l’une des vocations du MPPD.

Francis Pépé Haba, confus

Après l’audio, intervient la phase de la lecture des messages dans les différentes plateformes du MPDD. Pépé Francis Haba, l’un des prévenus et leader de l’Union guinéenne pour le développement et la démocratie(UGDD), nie avoir interagi avec des membres de la plateforme MPPD-Crise. Il reconnaît son numéro dans la plateforme, mais rejette toute participation aux échanges. « C’est mon numéro, mais il n’est pas sur WhatsApp », balance-t-il. Le tribunal précise qu’il est impossible d’envoyer des messages sur WhatsApp sans qu’on ne soit préalablement enregistré. « C’est mon numéro, mais je ne reconnais pas les messages », rectifie Pépé Francis Haba.

« Dadis ou rien »

« Mouvement Levons-nous pour la Forêt, Dadis ou rien » est le message qui allait être estampillé sur des t-shirts des membres du MPDD. Mais, l’administrateur de la plateforme, Bienvenu Théa et le boss Simon Pierre Camara, jurent, la main sur le palpitant, n’avoir vu ce message sur aucune des cinq plateformes de l’ONG. Le hasard a voulu supprimé l’application WhatsApp sur le téléphone de Bienvenu Théa, sans trace. « Si je ne me connecte pas deux semaines durant, l’application disparaît. J’ai expliqué ça à mon avocat », clame-t-il.

Le parquet charge, la défense rejette

Le ministère public parle des propos incendiaires, tels que « Prendre des actions interdisant tous les cadres de l’administration publique guinéenne de séjourner en Guinée Forestière », retrouvés dans une plateforme. « Levons-nous, même le Liberia nous soutiendra », aurait écrit Bienvenu Théa sur une autre plateforme. « Je n’ai pas de réponse », balance-t-il au ministère public. Me Daniel Haba, avocat (sans vinaigrette) de la défense, indique que le parquet n’a apporté aucune preuve liée à la cyber-sécurité. Pour l’avocat, le message « Mouvement Levons-nous pour la Forêt, Dadis ou rien » n’a aucune valeur juridique.

Le président du tribunal, Lansana Kéita, a clos les débats, avant d’ordonner les réquisitions plaidoiries.

Yaya Doumbouya