Le procès ministère public contre Simon Pierre Camara, Pépé Francis Haba et Cie, s’est ouvert au Tribunal correctionnel de Dixinn le 6 août.

Simon Pierre Camara, Pierre Konomou, Ange Kolomou, Joseph Maomou, Bienvenu Théa et Pépé Francis Haba sont poursuivis pour « atteinte et menace à la sécurité publique », sur la base des articles 31 et 32 de la loi sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel. Cinq des six accusés avaient été placés sous mandat de dépôt, pour flagrant délit, le 31 juillet dernier, à la Maison centrale de Coronthie. Pour des raisons de santé, Pépé Francis Haba, le leader de l’UGDD (Union guinéenne pour le développement et la démocratie), avait été épargné de cette détention préventive.

A la barre, tous ont rejeté les faits d’atteinte et menace à la sécurité publique qui leur sont reprochés. Simon Pierrre Camara, enseignant, déclare avoir reçu un coup de fil de la part d’une personne pour donner des cours de révision à ses enfants. « Dès que je suis sorti, j’ai été arrêté par des gendarmes », le 27 juillet dernier. L’enseignant est le président de l’Ong Messagers du peuple pour la paix et le développement (MPPD) qui viserait à consolider la paix et à promouvoir la culture et l’art en Guinée-Forestière.

« On a tenu une rencontre à Sonfonia, afin de mobiliser des fonds pour financer nos activités », affirme-t-il, avant d’avouer avoir invité beaucoup des membres de son Ong à  aller suivre et soutenir les accusés dans le procès du 28-Semtembre à Kaloum, lors du jour de la prononciation de la décision, par le tribunal criminel de Dixinn, le 31 juillet dernier. Même qu’un certain Tamba, administrateur d’une plate-forme de l’Ong, a appelé « à couper » les ponts de Faranah, Kissidougou, Guéckedou et Macenta, si le tribunal criminel de Dixinn condamnait Moussa Dadis Camara et Cie, dans le procès du 28-Semtembre 2009.

Simon Pierre Camara précise que Tamba n’a pas tenu la déclaration sur la plate-forme de son Ong, mais à la faveur d’une rencontre d’une vingtaine de personnes à Sonfonia. « Dès qu’il a déclaré cela, je lui ai retiré le statut d’administrateur » de la plateforme.

Le parquet charge : « Vous vouliez vous opposer à une condamnation de Moussa Dadis Camara ? » « Non, répond l’accusé. Je ne le ferai pas, même devant le président Moussa Dadis Camara, je répéterai cela. On ne peut pas aller au-delà d’une décision de justice », ajoute Simon Pierre Camara.

« Pourquoi le sort des accusés du 28-Semtembre vous intéressait ? », lui demande le ministère public. « C’est pour les consoler », répond-t-il. Mais, pour le ministère public, le soutien de l’Ong était destiné uniquement aux accusés originaires de la Guinée-Forestière.

Au total, le MPPD disposait de cinq plateformes, chacune comptant plus de 1 000 membres. Les plateformes étaient administrées par Bienvenu Théa et Simon Pierre.

L’avocat de la défense dénonce un « enlèvement », une arrestation « hors mandat » de son client. Selon lui, le MPPD n’a orchestré aucun trouble à l’ordre public et que son client n’a jamais été au tribunal criminel de Dixinn ni aucun autre membre de l’Ong.

« C’est un harcèlement contre mon client, c’est un abus d’autorité. Est-ce la création d’une Ong apolitique peut constituer une atteinte à la sécurité publique ? Non. En aucun cas », renchérit l’avocat. Au moment où nous mettions en ligne, le procès était en cours.

 Yaya Doumbouya