Les anciens employés de CIS-Médias ont de nouveau manifesté le 20 août, devant le siège de SAM-GBM à Kaloum. Ils exigent le paiement de 18 mois d’arriérés de salaires, sous peine de saisir la justice.
La manif du mardi est une nouvelle étape dans leur lutte pour obtenir leurs droits après plusieurs mois de négociations infructueuses. Depuis presque deux ans, les journalistes et techniciens de CIS-Médias réclament leurs arriérés de salaires à l’homme d’affaires et propriétaire du groupe de presse, Antonio Souaré. Pourtant, le média continue à diffuser ses programmes. Leurs réclamations n’ont quasiment trouvé aucun écho favorable de la part de la direction.
Les mécontents se sont rendus cette fois-ci à Kaloum, devant la direction générale du groupe SAM-GBM (conglomérat d’entreprises dont fait partie le groupe de presse). Munis de pancartes, ils ont scandé des slogans traduisant leur ras-le-bol : « Nous réclamons notre argent, nous sommes fatigués ! Antonio donne-nous notre argent ! » ou encore « Notre patience a des limites ». Leur porte-parole, Pierre Fatewa Diawara, a exprimé la colère et l’exaspération des manifestants : « Nous sommes ici pour signaler que la moindre chose, c’est de respecter le protocole qu’ils nous ont imposé et qu’on a dû accepter. On a longtemps patienté. Il est regrettable de constater que des gens prennent des engagements qu’ils ne sont pas à même de respecter. C’est notre argent, on ne va pas se laisser faire. On est là aujourd’hui, on reviendra la semaine prochaine, jusqu’à ce qu’on récupère la totalité de notre argent », a-t-il promis.
Silence de la direction
Le silence prolongé de la direction de CIS-Médias face à leurs revendications a accentué la frustration des frondeurs. « Ce qui est énervant, c’est que personne ne nous répond. On ne sait pas ce qui se passe, ni pourquoi les délais ne sont pas respectés. Il n’y a aucun interlocuteur. C’est silence total, mépris total. On ne peut pas continuer dans ce flou total. Même les intermédiaires (le SPPG et l’Inspection régionale du travail) ne nous répondent plus. Même si l’Inspection les appelle, ils donnent des arguments à chaque fois et au final il n’y a rien. On est des Guinéens, on a des droits », insiste Fatewa Diawara.
Interrogé par Guineematin, le directeur de CIS-Médias, Alpha Mady Touré, a refusé de commenter la situation : « Je ne parlerai pas de ce sujet. Je suis le directeur de ce média, si moi je ne parle pas, aucun autre responsable n’en parlera », persiste-t-il.
L’échec du SPPG et de l’IGT
Depuis le début de la crise, le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) avait promis de soutenir les employés dans leur combat jusqu’à satisfaction de leur revendication, mais hélas. Après plusieurs rencontres avec la direction de SAM-GBM, y compris avec Antonio Souaré lui-même, les négociations n’ont pas été concluantes. Le 17 avril, l’affaire est portée devant l’Inspection générale du travail sans véritable succès. Sous l’égide de l’IGT, un protocole d’accord a bien été signé, mais pour le paiement de seulement 5 mois de salaires sur dix mois réclamés. La mise en œuvre du protocole d’accord est en souffrance.
« À un moment, on a exigé 10 mois, le patron dit qu’il ne peut payer que 5 mois. On a commencé les négociations sous la supervision de l’Inspection générale du travail. Le patron de CIS est resté sur sa position. Avec beaucoup de supplications, l’IGT nous a amenés à accepter les 5 mois. On l’a accepté avec un protocole de paiement sur une période de 7 mois, à partir du mois d’avril pour prendre jusqu’en octobre. Tous les points contenus dans le protocole, y compris la façon dont les payements allaient être faits, ont été décidés par CIS-Médias. » Fatewa précise qu’ils ont signé un protocole de séparation à l’amiable.
Situation paradoxale
Les manifestants, qui se disent épuisés par le silence et les promesses non tenues, envisagent désormais de saisir la justice. « Si la direction de CIS-Médias et SAM-GBM ne réagit pas d’ici mardi prochain, nous manifesterons à nouveau et il n’est pas exclu qu’on aille jusqu’en justice », menace le porte-parole.
La situation reste donc tendue avec les anciens employés de CIS-Médias, dont la détermination ne faiblit pas. Pendant ce temps, le média poursuit ses activités et a récemment annoncé avoir acquis les droits de diffusion de la Premier League anglaise, dont la saison a débuté le 16 août. Ce qui contraste avec les difficultés financières invoquées par la direction pour justifier le non-paiement des salaires.
Abdoulaye Pellel Bah