Au lendemain de la condamnation d’El Dadis et Cie, les réactions ont plu de partout. A l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, UFDG, il y a une sorte de contradiction entre le patron du parti et le service de Com.
C’est l’épilogue d’un feuilleton qui aura tenu en haleine le populo pendant 15 ans. Le capitaine El Dadis Caamara et certains de ses compagnons ont été jugés et condamnés pour leur rôle dans les évènements du 28 septembre 2009. La condamnation de l’ex chef de la junte entre 2008 et 2009 à 20 ans d’emprisonnement fait couler encre et salive. Entre ceux qui estiment que la justice a tiré son épingle du jeu, en faisant son travail et ceux qui dénoncent des peines ‘’trop clémentes’’ ou une parodie de justice, les réactions ne manquent pas. Mais à l’UFDG, c’est la cacophonie, pardon, c’est la contradiction entre le service de Com et La Petite Cellule Dalein Diallo, le prési du parti. Dès l’annonce de la décision, Souleymane Souza Konaté, coordinateur adjoint de la cellule de Com de l’UFDG a réagi chez nos confrères de RFI. Il dénonce le « dernier acte d’une parodie de justice. C’est une preuve éloquente que la justice est devenue un outil au service de l’exécutif. Nos autorités se sont illustrées depuis 1958, dans les actes de violation graves des droits de l’Homme, des libertés, mais surtout dans la commission de crimes crapuleux. Les Guinéens attendaient beaucoup de notre justice. »
Souza ne comprend pas pourquoi des personnes réputées proches du CNDD aient réussi à se soustraire de la justice : « Beaucoup d’acteurs majeurs de ces massacres n’ont pas répondu à l’appel. C’est le cas du général Sékouba Konaté. La décision rendue ne satisfait pas les Guinéens, en tout cas les victimes. » Souleymane Souza Konaté soupçonne même le CNRD de faire de cette décision un moyen de Com, pour éventuellement draguer la Guinée forestière, région d’origine d’El Dadis en cas de champagne électorale. « Ce procès a servi à une opération de communication pour le CNRD d’autant plus qu’il ne fait pas mieux que le CNDD. A date, il y a deux activistes majeurs qui sont kidnappés par le CNRD, jusqu’à présent, nous ne savons où ils sont. »
Contre toute attente, le prési de l’UFDG, La Petite Cellule Dalein Diallo a pratiquement pris le contrepied de son service de Com, en se réjouissant de la tenue d’un procès « qui a permis de confronter les victimes et les présumés responsables de ces atrocités. Grâce à la retransmission en direct des audiences, la population a pu suivre de près le déroulement de ce moment crucial pour la vérité et la justice en Guinée, jusqu’au prononcé du verdict. » Le politicard tresse même des lauriers aux organisations de défense des droits humains qui, selon lui, ont œuvré à la manifestation de la vérité : « En tant que survivant du massacre et leader politique ayant fait partie des Forces Vives qui ont appelé à la manifestation, je tiens à féliciter chaleureusement tous ceux qui ont contribué à l’organisation de ce procès. Je pense notamment à la FIDH, l’OGDH, l’AVIPA, la CPI, ainsi qu’à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Guinée. Leur pression constante et leur soutien financier ont été déterminants pour la tenue de ce procès. »
La Petite Cellule, en exil depuis plus d’un an, invite le CNRD qui a verrouillé les espaces civiques et politiques à se servir de ce procès pour éviter à la Guinée des tragédies : « Je souhaite vivement que la junte actuelle tire toutes les leçons de ces événements douloureux et du procès qui s’en est suivi, afin que la Guinée ne revive jamais de telles tragédies. La justice et la mémoire des victimes doivent rester au cœur de notre quête de paix et de réconciliation. » Un appel qui risque de tomber dans d’oreilles de sourds, tant le CNRD est décidé à régner seul.
Yacine Diallo