Le football africain a été endeuillé le jeudi 8 août par le décès à Paris du camerounais Issa Hayatou, ancien président de la CAF. Il est décédé un jour avant son 78ème anniversaire.
Champion du Cameroun du 400 et du 800 mètres entre 1964, 1971 et sélectionné dans l’équipe nationale d’athlétisme, disputant les Jeux africains de 1965 à Brazzaville. Il joue aussi dans l’équipe du Cameroun de basket-ball et dans l’équipe de football universitaire. En parallèle, il devient professeur d’éducation physique et sportive, obtenant un certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive (CAPEPS) à l’université de Yaoundé en 1973.
À partir de 1974, Hayatou commence à prendre des responsabilités dans le milieu sportif en devenant secrétaire général de la Fédération camerounaise de football à l’âge de 28 ans et le demeure jusqu’en 19835. Entre 1982 et 1986, il est directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports du Cameroun. Vice-président de 1984 à 1986, il devient ensuite président de la Fédération camerounaise de football jusqu’en 1988. Après avoir perdu les élections pour un nouveau mandat à la tête de la CAF en mars 2017, il est nommé par décret présidentiel à la tête du conseil d’administration de l’académie nationale du football. En 1984, pour les jeux à Los Angeles, il est porte-drapeau de l’équipe olympique de Cameroun.
En 1987, à la suite du décès de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema, Président de la CAF, Issa Hayatou devient le cinquième Président de la CAF. En 1990, il obtient une nouvelle fonction en devenant membre du comité exécutif de la Fédération internationale de football association (FIFA). Il est vice-président de la FIFA en 1992.
Sous son mandat de président de la CAF et depuis vingt ans, le football africain connaît une véritable avancée. Hayatou réussit ainsi à obtenir cinq places au lieu de deux pour les pays de sa confédération au tournoi final de la Coupe du monde de football. Plusieurs des pays africains présents à cette compétition ont particulièrement brillé alors qu’ils étaient totalement absents auparavant, comme le Cameroun en 1990 ou le Sénégal en 2002. Pour la première fois, le continent africain accueille l’épreuve reine du sport mondial à l’occasion de la Coupe du monde de football de 2010 en Afrique du Sud, probablement grâce à l’influence de son président. De la même manière, la Coupe d’Afrique des nations de football prend de l’ampleur en passant de huit à douze équipes en 1992 puis à seize équipes quatre ans plus tard lors de l’édition sud-africaine. Le nombre d’équipes participant aux qualifications de ces Coupes d’Afrique des nations ne cesse d’ailleurs d’augmenter. Ils sont ainsi quarante-quatre sélections à tenter de se qualifier pour l’édition 2012.
La Confédération africaine, sous la présidence d’Hayatou, contribue également au développement de ses compétitions de clubs comme la Coupe d’Afrique des clubs champions (1964-1996) puis la Ligue des champions de la CAF depuis 1997, la Coupe de la CAF, de 1992 à 2003, puis la Coupe de la confédération et la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe. Sous sa présidence, les moyens accordés à diverses pratiques mineures comme le futsal, le football féminin ou le beach soccer sont augmentés par la CAF. En mars 2017, il se porte candidat pour un huitième mandat à la présidence de la confédération africaine de football, mais il perd les élections contre le malgache Ahmad Ahmad avec 14 voix de différence.
Issa Hayatou et la Guinée
Avec la disparition de Issa Hayatou, la Guinée perd un grand ami. En effet, par devoir de mémoire, il faut le souligner, si notre pays a été désigné par le comité exécutif de la CAF le 20 septembre 2014 hôte de l’édition de la CAN 2023, puis 2025 à la suite d’un glissement, on le doit en grande partie à l’appui de Issa Hayatou. A l’ordre du jour de cette session du comité exécutif, il n’y avait que les éditions de 2019 et 2021 à l’ordre du jour. A la surprise générale, la Guinée a été désignée pays hôte de l’édition de 2023. Même si nous avons été dessaisis de l’organisation de la CAN, nous devons au défunt une reconnaissance à la mesure de son attachement pour notre pays.
Thierno Saïdou Diakité,
avec Wikipedia