Dans un contexte où le spectre de 2009 n’est pas à exclure, les Guinéens, anxieux, s’attendent à ce que les chefs religieux renouent le fil du dialogue entre les militaires et les politiques. Et surtout à leur intervention en faveur des deux activistes de la société civile introuvables depuis leur enlèvement.

C’est dans ce contexte que Cheick Souleymane Sidibé, président de l’association Noureddine Islam déclare « Les militaires sont mes candidats. Si jamais un autre candidat parvient à leur tenir tête, j’abandonnerai le chapelet ».

L’Ambassadeur de paix a mis le pied dans le plat en ajoutant : « Ce qu’on a vu durant les trois dernières années, on ne l’avait jamais vu dans ce pays. Mais c’est difficile de gérer la Guinée. Si tu es à la tête du pays, il y a des gens qui te considèrent comme leur ennemi simplement parce que vous n’appartenez pas à la même tribu, à la même ethnie où ils n’ont pas d’intérêts personnels avec toi ». Il poursuit : « En combattant un fait de Dieu, tu risques d’échouer lamentablement. Les militaires sont mes candidats préférés. A partir d’aujourd’hui, je leur demande de se présenter s’ils éprouvent le sentiment d’être candidats aux élections. »

Le prédicateur met au défi les acteurs politiques de leur tenir tête. « Si jamais un autre candidat parvient à tenir tête aux militaires, je jure au nom de Dieu, j’abandonnerai le chapelet pour rejoindre les féticheurs. Et pour ajouter à l’angoisse des Guinéens, il met l’accent sur ce qu’il appelle la volonté du Général de corps d’armée de « s’inspirer des actions de Sékou Touré et la considération qu’il a pour la famille du premier président de la République ».

Autant dire que les familles des deux activistes et celles de ceux qui subissent d’une manière ou d’une autre l’injustice ne doivent attendre rien de ce religieux. Parce qu’on ne peut pas faire les éloges de Sékou Touré et plaider pour le respect des droits de l’homme.

Le moins que l’on puisse dire est que le secrétariat général des Affaires religieuses fait dans les deux poids deux mesures. Si Cheick Souleymane Sidibé avait soutenu les opposants à la junte, la réaction aurait été immédiate et foudroyante. El Hadj Yaya Camara de Sonfonia ne dira pas le contraire. Malheureusement, cet autre cas n’est pas de nature à clamer la colère de ceux qui estiment que les chefs religieux musulmans, contrairement aux chrétiens, ne sont ni neutres ni indépendants encore moins impartiaux.

Ces propos du président de l’association Noureddine Islam sont de surcroît aux antipodes des recommandations des savants et sages islamiques : « Le meilleur prince est celui qui fréquente le savant, le pire savant est celui qui fréquente le prince ».

La réaction des organisations internationales, qui ont désigné El Hadj Sidibé ambassadeur de paix, est très attendue. Tel statut implique neutralité et impartialité. Deux valeurs qui font cruellement défaut à l’homme qui affiche ouvertement son militantisme.

Habib Yembering Diallo