Le procès des membres de la Dynamique des organisations de la société civile de Guinée s’est ouvert le 12 août, au tribunal de première instance de Mafanco. Mamadou Korka Diallo, Amadou Bah et Mamadou Ramadan Diallo, inculpés pour « réunions illicites sur les voies publiques», plaident non coupables.
Ils ont appelé les Guinéens à des marches pacifiques le 30 et le 31 juillet dernier pour dénoncer la cherté de la vie, la disparition de leurs camarades, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, ainsi que la fermeture des médias. Alors que des accrochages opposaient manifestants et forces de l’ordre le long de la route Leprince, les autorités n’ont pas tardé à mettre à exécution la menace d’interpeller les organisateurs qui ont bravé l’interdiction de manifester proclamée par la junte depuis mai 2022. Les activistes, Mamadou Korka Diallo, Amadou Bah et Mamadou Ramadan Diallo sont interpellés en fin de matinée du 30 juillet, avant même de rallier le point de départ de la marche, le rond-point de la Tannerie, sur l’autoroute Fidel Castro. Ils croupissent depuis, à la Maison centrale de Coronthie. Le parquet du TPI de Mafanco les accuse d’être à la base des violences de ces deux jours. Des accusations qu’ils rejettent catégoriquement. A la barre, Mamadou Ramadan Diallo explique avoir été interpellé loin du lieu de la manifestation : « J’étais à Yimbaya, des agents en civil m’ont suivi, ont crié au voleur. Les citoyens sont sortis de partout, m’ont bastonné. Nous n’avons jamais organisé de réunions illicites. » Le prévenu reconnaît cependant avoir appelé, avec d’autres, à des marches pacifiques dans le strict respect de la loi : « Nous avons fait les lettres d’information en bonne et due forme, les avons adressés aux délégations spéciales concernées. Nous n’avons pas eu de réponses formelles, c’est dans les médias que nous avons appris l’interdiction prononcée par le gouvernorat de la ville de Conakry. »
Une version que le ministère public conteste. Il brandi les courriers réponses des délégations spéciales concernées par les marches pacifiques, ceux de la Gouverneure de la ville de Conakry et du procureur général près la Cour d’appel de Conakry menaçant de poursuites judiciaires toute personne qui manifeste dans la rue. Mais pour Ramadan Diallo, ces lettres réponses ne leur ont pas été transmises : « Nous en avons appris sur les réseaux sociaux, mais tardivement, on ne pouvait plus faire machine arrière. » Le ministère public estime également que les activistes ont tout planifié pour braver l’interdiction de manifester : « Vos lettres d’information ont manqué cruellement de professionnalisme. Il n’y figurait aucune adresse. Et les lettres manquaient cruellement de motivation. » Ramadan Diallo de rétorquer : « Les motifs des marches pacifiques étaient connus. »
Mamadou Korka Diallo lui, dit avoir été interpellé à son lieu de travail, avant d’être baladé un peu partout à travers Conakry. Il reconnaît notamment avoir amené à la Brigade de recherche de Kipé et au Haut commandement de la gendarmerie. Il nie toute implication dans les violences : « Je suis membre de la Dynamique, mais pas actif. Je n’ai pas appelé à manifester. » Il révèle avoir été privé de nourriture pendant plus de 24h : « Du 30 juillet à 9h, ce n’est que le 31 à 13h qu’on m’a permis d’entrer en contact avec ma famille, pour avoir à manger. Je pensais que c’était fini pour moi, j’ai eu la peur de ma vie. »
Ce lundi, les prévenus sont arrivés à Mafanco menottes aux poignets, et l’audience programmée dans la matinée ne s’est ouverte qu’après 17h. Elle reprend le 14 août.
Yacine Diallo