Le mardi 20 août, le procès de Simon Pierre Camara, Pépé Francis Haba et Cie, contre le ministère public, a repris au tribunal correctionnel de Dixinn. Mais, au bout de trois heures de confrontation des prévenus, l’audience a été renvoyée au 22 août, à cause d’un décès.

Simon Pierre Camara, Pierre Kolomou, Ange Kolomou, Joseph Maomou, Bienvenu Théa et Pépé Francis Haba sont poursuivis pour « atteinte et menace à la sécurité publique », sur la base des articles 31 et 32 de la loi sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel. L’audience consacrée à la confrontation des prévenus a tourné court. Pierre Kolomou et Bienvenu Théa ont répondu aux interrogations du ministère public. À la question de savoir où Bienvenu a rencontré Pierre, le premier déclare ne pas se souvenir de l’endroit où ils se sont rencontrés. « Je n’avais pas la tête tranquille, j’ai reçu beaucoup de personnes, ça peut-être que j’ai conduit Pierre Kolomou dans la salle de conférence » du parti Union guinéenne pour le développement et la démocratie (UGDD), où ils projetaient une réunion en vue de la libération de Simon Pierre Camara, le « cerveau » de l’affaire.

De son côté, Pierre Kolomou affirme être allé à Lambanyi pour transmettre de l’argent (50 000 Gnf, dépense) à Bienvenu Théa, avant que celui-ci ne le conduit au siège de l’UGDD, de Pépé Francis Haba, autre prévenu dans cette affaire.

Toutefois, Bienvenu Théa, considéré comme le numéro 2 de l’ONG Messagers du peuple pour la paix et le développement (MPPD), reconnaît avoir reçu l’argent de la part de Pierre Kolomou, au siège de l’UGDD. Ce que réfute ce dernier, soutenant avoir été conduit là-bas, par Bienvenu Théa, après lui avoir remis l’argent au carrefour de Lambanyi.

Le ministère public parle de contradiction, tant disque la défense assure que la remise des 50 000 Gnf à un individu ne constitue en aucun cas de la cyber-sécurité, sur la base de laquelle Simon Pierre Camara, Pépé Francis Haba et Cie sont poursuivis.

Planification, libération…

« Savez-vous que la rencontre de Lambanyi visait « à planifier pour la libération immédiate » de Simon Pierre Camara, le coordinateur de l’ONG MPDD ? », interroge le ministère public. « J’étais au courant. Nous politiques, on emploie couramment le terme planification. Je n’en trouve aucun problème. En politique, on utilise des mots plus durs que ça », rétorque Pépé Francis Haba, en confrontation avec Bienvenu Théa. Mais il s’empresse de préciser que la réunion, avortée par la descente des Forces de l’ordre, ne tendait nullement à violer les lois du pays. Me Daniel Haba, avocat de la défense, dénonce un interrogatoire opéré par le parquet, en lieu et place d’une confrontation censée éclairer des zones d’ombre.

A la confrontation entre Simon Pierre Camara et Pépé Francis Haba, le premier indique que le second est membre de la plateforme MPDD. Ce que rejette, en bloc Francis Haba, affirmant y avoir été ajouté. « Je ne suis pas membre, je n’ai participé à aucune activité de l’ONG », clame-t-il. Simon Pierre Camara revient à la charge : « Presque tous les cadres de la Guinée Forestière en sont membres », y compris Daniel Haba, l’avocat de la défense. Le ministère public estime que Pépé Francis « connaît bien les rouages » de l’ONG et que Pierre Simon Camara aurait incité les membres de son ONG à descendre au tribunal criminel de Dixinn, où était attendu la prononciation de la décision du procès du 28-Septembre 2009.

Il était question de présenter les preuves quand écrit du premier président de la Cour d’Appel de Conakry est arrivé. Abdoulaye Conté ordonne les juridictions de renvoyer les audiences du jour au mercredi 21 août, à cause du décès de Lanciné Koulibaly, accesseur au tribunal militaire de première instance permanent de Conakry. Ainsi, le président du tribunal de Dixinn, Lansana Kéita, a renvoyé l’affaire au 22 août, pour la présentation des preuves. 

Yaya Doumbouya