Plus de 48h après l’assassinat d’El Hadj Hassimiou Diallo, les autorités guinéennes réagissent. Le Premier ministre, Bah Oury a conduit une délégation gouvernementale chez la famille mortuaire à Kobayah dans la journée du 1er septembre. Le gouvernement annonce des sanctions et promet de retrouver les bourreaux de l’opérateur économique.

Les assassins d’El Hadj Hassimiou Diallo courent toujours. La famille attend aussi toujours les résultats de l’autopsie, avant d’inhumer le sien. Le gouvernement s’est rendu au domicile du défunt pour les condoléances. Le Premier ministre, Bah Oury, les ministres de l’Habitat et de la Sécurité, Mory Condé et Bachir Diallo, entre autres, sont allés réconforter la famille d’El Hadj Hassimiou et « leur faire part » de leur « détermination » de traquer les assassins. Ils se sont fait accompagner par les responsables de la Coordination nationale des Fulbhè et Haali pular de Guinée, CNFHPG : « Nous voulons que l’État renforce les dispositions sécuritaires afin que de tels actes ne se reproduisent plus, parce que qui dit développement, parle de tranquillité dans le pays. La population est vraiment débordée par cette situation et nous comptons sur l’État », déclare El Hadj Ibrahima Onatol Diallo, vice-président de la CNFHPG. Quant au gouvernement, Bachir Diallo a porté la voix. Il annonce que des sanctions sont déjà prises contre certaines autorités policières : « Je ne veux pas beaucoup parler. Lorsque cela est arrivé, le Président et le gouvernement ont été mis au courant. Tous les policiers qui étaient à la tête de ce secteur ont été sanctionnés ; c’est la première mesure. Beaucoup de dispositions sont prises, mais si de telles choses arrivent, les gens vont pleurer sur le gouvernement. Des dispositions sont prises, cela nous a aidés à beaucoup comprendre. Nous sommes là pour vous dire que des dispositions seront prises, pour que ce qui se passe actuellement puisse changer. Le changement n’est pas facile, ceux qui ont commis cet acte ne sont pas descendus du ciel, ils sont parmi nous. La sécurité a un rôle et la population aussi. »

Les sanctions dont le ministre Bachir Diallo parle, sont les suspensions du commissaire central de police de Sonfonia et de son adjoint. Il leur est reproché de n’avoir pas exécuté les consignes édictées par le département. Après l’attaque, ordre leur a été donné de sécuriser la zone pour éviter tout autre désagrément. Cela n’a pas été fait. Des malfaiteurs en ont profité pour pénétrer à nouveau la nuit dans la maison mortuaire et subtiliser des biens et de l’argent. Cela n’a pas été du goût des responsables de la police. Colonel Mory Kaba, porte-parole du ministère de la Sécurité explique : « Ils ont été sanctionnés non pas parce qu’ils ont une quelconque responsabilité dans la première attaque, mais parce qu’ils ont refusé de sécuriser la maison après. Sinon, les gens ont mis une heure avant de nous informer de la mort de l’opérateur économique, alors que nous avons un numéro vert disponible H24. » Le policier croit savoir que les enquêtes pour retrouver les auteurs de l’assassinat avancent : « Nous avons des bonnes pistes, ils seront très bientôt sous les verrous. »

Une police ou gendarmerie dans le quartier

Dans le quartier Kobayah, à Kignifi notamment, les attaques ne finissent plus. Pas un jour ne passe sans qu’un citoyen ne soit attaqué à son domicile ou ne se fait retirer ses biens dans la rue au vu et au su de tout le monde. Il faut dire aussi que les lieux de consommation des stupéfiants se comptent par dizaines. Pour éradiquer le fléau, Mohamed Barry, chef du secteur Kignifi sollicite des autorités l’implantation d’un poste de police ou de gendarmerie dans la zone : « Avant, ce sont les vols qui étaient très fréquents. Maintenant, nous nous retrouvons avec ce cas de meurtre. Nous implorons les autorités de nous aider à implanter un poste de police ou de gendarmerie pour sécuriser les populations et leurs biens. En 2014, j’avais même essayé de constituer des équipes d’autodéfense. Mais les gens m’ont déconseillé. S’il y a une attaque et qu’un des jeunes perdait la vie, on m’aurait pris pour responsable. C’est pourquoi, j’ai toujours alerté les autorités sur la nécessité de nous aider à mieux sécuriser les populations de notre secteur, en envoyant la force publique sur les lieux. »

Le bras de fer perdure

Cette hypothèse a émergé depuis des années. Le chef du secteur et quelques notables avaient même identifié un domaine où l’infrastructure allait être construite. A la zone appelée « Plaque 23 ». Sauf que cela a soulevé un bras de fer. Un autre citoyen se réclame propriétaire des lieux et menace toute personne qui parle de la construction d’une police ou gendarmerie sur son « terrain ». Cette crise couve depuis près de 10 ans. Récemment, des notables du quartier se sont rendus au ministère de la Sécurité, pour tenter de faire bouger les lignes. Mais le bras de fer perdure, le « propriétaire » qui ne détiendrait aucun document et qui se cacherait derrière le fait qu’il aurait hérité le domaine de son défunt frère, y a même fait construire un mur. C’est tout dire.

Yacine Diallo