Lundi 23 septembre, les Forces sociales de Guinée, opposées à une éventuelle candidature du président de la transition Général Mamadi Doumbouya, ont animé une conférence de presse à la maison de la presse au quartier Minière. La plateforme affirme avoir écrit aux chefs religieux et aux coordinations régionales pour, dit-elle, éviter une crise à la Guinée.

Devant les journalistes, les membres des FSG, formulent le vœu que le président de la transition, Mamadi Doumbouya respecte ses engagements de départ, son serment que ni lui ni les membres de son gouvernement, ni les membres du Conseil National de la transition, ne vont se présenter aux futures élections. Boubacar Biro Barry, le vice-président des Forces Sociales de Guinée, a indiqué que sa plateforme a opté pour une nouvelle stratégie, celle de mettre les chefs religieux et les coordinations régionales devant leur responsabilité sociale. En leur demandant de mettre la pression sur le général Doumbouya pour qu’il respecte ses engagements. Parce qu’il serait pris en otage par des « gens qui veulent ternir son image. » Les FSG envisagent d’engager un pool d’avocats, pour identifier et rendre public la liste des éléments qui sont « en train de faire traîner la transition et amener le pays à des problèmes ». A la question de savoir si les FSG ne sont pas à bout de souffle, Boubacar Biro répond : « Il est difficile de pleurer sous la pluie. Nous vivons un moment où l’argent coule à flot et le Guinéen est vraiment dans le besoin. Ce qui reste clair, nous travaillons pour amoindrir les conséquences d’un désastre éventuel ou alors l’éviter même. Parce que ce qui est arrivé à Dadis risque de se répéter. Or, il faut être intelligent, se brûler au même feu de la même manière toutes les fois, c’est vraiment être bête. Nous avons pensé qu’il faut fédérer les forces, nous n’avons pas d’armes, pas de munitions, pas d’argent à distribuer, mais nous avons la volonté d’inverser la tendance à travers la sensibilisation citoyenne. Nous pensons que si les coordinations, les chefs religieux, les ambassadeurs de la paix, les personnes ressources se joignent à nous, il va s’en sortir. Parce que, c’est nous qui sommes ses amis ». Le vice-président des FSG pense que la Guinée n’a pas un problème de Constitution, mais plutôt de gouvernance. « On nous a présenté un avant-projet de Constitution, en nous disant qu’elle fera 30 ans au moins. Avec la situation qui se passe, cette Constitution ne fera même pas un an. Parce que, les intangibilités seront violées…»

« Que vaudra votre promesse de campagne, si vous ne respectez pas votre serment »

Abdoulaye Sadjo Barry, président du Bloc pour l’alternance en Guinée, BAG, membre des FSG, très amer, s’adresse au Président de la transition : « Si vous avez des amis aujourd’hui, je vous prie de les rechercher dans le groupe des Forces Sociales de Guinée, ces gens qui ont le courage de vous dire la vérité, de vous obliger à respecter votre parole ; à rester un homme d’honneur, à éviter des situations que nous avons connues avec Dadis, avec Alpha Condé. Croyez-moi, si vous forcez la situation, vous allez devenir quoi après ? Vous voulez être le futur président en rompant votre parole, votre serment et en termes de campagne, qu’est-ce que vous allez dire aux Guinéens, vous allez les promettre quoi ? Votre promesse vaudra quoi dans une campagne électorale en Guinée si vous brisez déjà votre serment pour être candidat, après avoir dit trois fois publiquement que vous allez diriger la transition en tant que soldat, que vous tenez à votre parole et à l’honneur, c’est ce que vous avez dit à France 24 en novembre 2021.  Vous avez des gens autour de vous qui pensent que si la transition finit, ils ne sont plus rien en Guinée, parce qu’il est dit que les membres du gouvernement, ceux du CNT, ne peuvent pas être candidats. Si vous forcez la situation pour vous maintenir, vous n’aurez de respect nulle part, ni à l’intérieur de la Guinée ni à l’extérieur et vous n’aurez pas la paix », déclare le leader du BAG.

Barrer la route aux fauteurs de troubles

Pour Abdoul Sacko, le Coordinateur des Forces Sociales, ceux qui sont des menaces aujourd’hui à l’ordre public, ce sont ceux qui appellent à la violation de la Charte de la transition, à la violation de la parole donnée du Président de la transition. « Ce sont eux qui disent qu’en Guinée, l’engagement ne vaut rien. Ce sont eux les fauteurs de trouble à l’ordre public. Nous allons prendre des juristes. Et d’ailleurs, je profite pour faire appel à tout juriste, tout Guinéen qui a la possibilité de nous accompagner, à saisir les juridictions nationales et internationales pour mettre devant leur responsabilité ceux qui se transforment en fauteurs de trouble à l’ordre public, ceux qui nous ramènent à répéter les raisons pour lesquelles des Guinéens ont été massacrés, violés et violentés au stade du 28 septembre. Chose que nous ne souhaitons pas et n’accepterons pas que ça se répète. »

Ibrahima Balaya Diallo, un autre membre des FSG, pense que malgré le silence imposé aux voix dissonantes, il ne faudrait pas croiser les doigts comme si de rien n’était. « Si on permet aux supporters du Général Doumbouya d’organiser des tournois de football, qu’on permette aux autres parties de faire autant pour mesurer sa popularité ». Mamadou Barry, de la même plateforme ajoute : « Tous les jeunes qui sont des porteurs de mouvements de soutien, je voulais vous dire : Mon frère, ma sœur, ces mouvements de soutien ne peuvent pas préparer ton avenir. Celui qui te donne de l’argent n’a pas confiance en toi et après, quand il aura atteint son objectif, il va t’abandonner. Après, vous allez-vous mettre à l’insulter sur les réseaux sociaux, mais ce n’est pas lui qui vous a empêché d’être citoyen ».

Mamadou Adama Diallo