Durant ses onze ans de règne, le président Alpha Condé s’est inscrit dans une logique défensive vis-à-vis des anciens Premiers ministres qui lui ont donné du grain à moudre. Autant le président Lansana Conté ne pouvait pas faire un discours improvisé sans faire allusion à son opposant, un certain Alpha Condé, autant ce dernier ne pouvait s’adresser aux Guinéens sans égratigner les anciens Premiers ministres, devenus son pire cauchemar.

C’est ainsi que, dans un discours relatif aux infrastructures routières qu’il comptait faire, l’ancien Président avait dénoncé la qualité des routes réalisées avant son arrivée au pouvoir. Promettant dans la foulée que, dorénavant, les siennes auront 4 couches au lieu de 2. Ce qui les mettra à l’abri d’une dégradation rapide.

Sauf que le secteur n’a pas été sa priorité. Alpha Condé estimait que dans un pays où tout était à faire, il fallait se fixer d’autres priorités. Malgré tout, il a promis un chemin de fer Conakry-Kankan-Bamako-Bobo-Dioulasso. Ce projet relevant d’une gageure, le président Condé a revu ses ambitions à la baisse, pour promettre, la main sur le palpitant, une autoroute Conakry-Dabola. Il sera délogé à Sékoutouréyah avant la réalisation de la route, qui, paradoxalement, est aujourd’hui l’une des plus étroites du pays. Provoquant maints accidents. Mais c’est sous le règne du tombeur d’Alpha Condé, Mamadi Doumbouya, que cette voie a été réalisée.

Par contre, la route Matoto Coyah est bel et bien l’œuvre du régime du RPG d’Alpha Condé. Et elle pose aujourd’hui problème. De Sangoyah à Coyah, l’axe est ébréché partout, nécessitant des travaux, alors qu’il a moins de dix ans. Cela relance le débat sur la qualité des travaux réalisés par certaines entreprises, locales ou chinoises. Puisque les voies routières réalisées sous le règne du président Conté, sur l’autoroute Fidel Castro par exemple, résistent encore tant bien que mal aux intempéries.

Des Guinéens pointent un doigt non pas aux maîtres d’œuvre dont les travaux n’ont pas plus longue vie que l’insecte éphémère, mais aux maîtres d’ouvrage que sont les autorités. Ces dernières demandent souvent aux entreprises de préfinancer les travaux. Lorsqu’on demande à une entreprise de préfinancer des travaux aussi importants que ceux relatifs à une route, elle va jouer à la fois sur la qualité et le coût. D’autres rappellent la rhétorique attribuée aux Chinois : « Petit argent, petit travail ».

Dans tous les cas, la dégradation de ces travaux en un temps record constitue l’autre masque qui tombe pour l’homme qui a été renversé il y a 3 ans. Après le fiasco de Kaléta et de Souapiti, qui n’ont pu débarrasser les Guinéens de l’obscurité, ce sont les routes réalisées sous Condé qui nous montrent qu’elles sont moins solides que celles construites par ses prédécesseurs. Preuve, s’il en était besoin, qu’Alpha Condé a obéi jusqu’au bout à sa logique selon laquelle « plus le mensonge est gros, plus le Guinéen y croit ».

Habib Yembering Diallo