Au Sénégal, les recherches sont toujours en cours ce 9 septembre 2024, suite à un nouveau drame de l’émigration clandestine : une pirogue avec au moins 150 passagers à bord a chaviré la veille au large de la ville de Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar.

Téléphones à la main et le regard inquiet, une centaine de personnes sont venues sur la plage bordée de palmiers pour voir le dispositif des secours ou s’enquérir d’un proche. C’est le cas de Pape Samb. Son neveu de 17 ans n’est pas rentré depuis le naufrage. « Je suis venu prendre des renseignements mais on ne l’a pas encore retrouvé. Il est parti hier », témoigne-t-il.

Avec les heures qui passent, l’espoir s’amenuise au fur et à mesure que les recherches se poursuivent. Un zodiak de sauvetage arrive d’ailleurs sur la plage avec, à son bord, un nouveau corps sans vie. Cinq corps ont été retrouvés et viennent s’ajouter aux quatre personnes noyées retrouvées dès dimanche par les pêcheurs venus à la rescousse de la pirogue en détresse. En tout, 24 personnes ont pu être sauvées et trois hommes sont encore à l’hôpital.

Mais ce bilan va sans aucun doute s’alourdir car pour l’heure, on ne sait pas avec certitude combien de passagers – 150 ou plus ? – étaient à bord de cette pirogue. Le bateau a en tout cas quitté l’une des plages de Mbour la veille en milieu d’après-midi, direction les îles Canaries, avant de faire naufrage une trentaine de minutes plus tard, à 3 km des côtes sénégalaises. « C’est désastreux ce qu’il se passe a Mbour. Les pertes sont énormes. On ne peut pas imaginer des jeunes, même pas 30 ans, qui sont morts », raconte Cheick, un Sénégalais qui dit connaitre une vingtaine de personnes qui était dans la pirogue. 

« C’est une catastrophe »

À la morgue, à 200m de là, le chagrin se mêle à la colère de voir ces drames se répéter. « C’est une catastrophe qui malheureusement va se reproduire car ces jeunes sont déterminés à partir », estime Mohamed Baro, conseiller municipal à Mbour et oncle de l’un des naufragés de 38 ans.

« Il y a quelque temps, ces jeunes partaient de Gambie ou ailleurs, mais ce qui s’est passé hier, c’est qu’ils sont partis de la plage même de Mbour. En Afrique et au Sénégal particulièrement, nous avons toujours des difficultés pour obtenir des visas. Et ce ne sont pas d’habitude des badauds qui entreprennent le voyage, ce sont des enfants qui se débrouillent, qui ont un métier, qui devraient normalement voyager sans avoir besoin de vivre certaines péripéties », a-t-il déclaré.

Et alors que la recherche des corps de naufragés se poursuivait, la marine a intercepté deux pirogues transportant 421 candidats à l’émigration clandestine, dont 20 enfants.

Par RFI