Par ces moments de vastes polémiques et de questionnement sur l’épilogue de la Transition, le discours du Président à l’occasion de la fête de l’indépendance nationale aurait pu être l’occasion de mettre les points sur certains i (même pas tous). Parmi lesquels :
D’abord, le niveau de mise en œuvre du chronogramme de la Transition.
Le discours n’aborde pas la réalisation des activités contribuant au retour à l’ordre constitutionnel. Il ne précise pas non plus de calendrier clair ni de bilan de la progression des réformes promises dans le cadre de la Transition. Cette occultation laisse une ouverture sur les supputations par rapport à la gestion temporelle de la Transition. Un glissement du calendrier du chronogramme est plus que certain. Mais il fallait tout au moins évoquer une nouvelle période.
Ensuite, l’organisation du référendum pour l’adoption de la nouvelle Constitution. Le discours est muet sur les préparatifs du référendum constitutionnel. On nous fait croire çà et là que le scrutin sera pour ce dernier trimestre de 2024. Mais des questions demeurent. Notamment qui seront les votants ? Puisqu’on ne parle pas de liste électorale disponible. Sauf si on consent utiliser l’ancien fichier pourtant très contesté.
Aussi, dans son discours, le Président de la Transition aurait dû réaffirmer sa promesse (son engagement) de ne pas être candidat aux élections marquant la fin de la Transition. C’est un point clé dans le cadre d’une transition politique où les garanties d’une alternance démocratique sont fondamentales. Son silence sur le sujet accentue les doutes quant au respect de son engagement, de sa promesse cruciale, pour la stabilité post-transition.
Par ailleurs, l’autre point sur lequel le Président devait se prononcer, c’est sur la situation des droits humains. Bien qu’il ait évoqué la réparation pour les victimes de déguerpissement à Kaporo-rails, Kipé2 et Dimess, l’acte est en deçà de ce qui est attendu pour les droits humains. D’autres situations de violation des droits de l’Homme méritent d’être posées. Telles que: la liberté d’expression, la protection contre les abus des forces de l’ordre, ou encore les conditions d’arrestation et de détention des citoyens. Ce sont des préoccupations récurrentes dans le contexte guinéen.
Parler de réconciliation en mettant en exergue les exactions commises sous les précédents régimes et omettre celles qu’on vit en ce moment avec le cortège de frustrations qu’elles engendrent, laisse croire qu’il s’agit d’une réconciliation sélective.
Le manque de focus sur les points ci-dessus entraîne des interrogations sur les véritables priorités du gouvernement de la Transition. Or, à l’heure actuelle, il faut plutôt éclairer et rassurer l’opinion, en levant toute équivoque sur la fin de la transition. C’est un gage de stabilité du pays.
Asmaou Barry