Après plus d’une année d’interruption, le procès Cas-Sorry Fofana a repris le 30 octobre, devant la Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières. L’ancien Premier ministre, inculpé pour « détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux », a une nouvelle fois boudé l’audience.

Comme Mohamed Diané, le Cas-Sorry Fofana et la CRIEF jouent au chat et à la souris. Le pro-crieur spécial trépigne d’impatience de faire juger le dernier PM d’Alpha Grimpeur, ce dernier, lui, refuse catégoriquement de hâter les pas et s’accrocher à son lit de malade. Le Cas-Sorry alité dans une clinique de la place, est-il dans une prison d’orée ? Mercredi 30 octobre, l’ordre d’extraction du prévenu a été signé, les gardes pénitentiaires sont allés le chercher. Mais il les a tout bonnement envoyés balader, arguant qu’il n’est pas en mesure de tenir une audience. Une posture qui ulcère le pro-crieur spécial près la CRIEF. Aly Touré s’en prend notamment au rapport médical déposé à la Cour par les avocats (sans vinaigrette) du prévenu afin de prouver sa maladie. Il les accuse de faire une fuite en avant : « Nous estimons que ce rapport a été fait à dessein. C’est lorsqu’il a appris qu’il doit venir ici qu’il a demandé de faire ce rapport… Il refuse de comparaître. Il est en train de se moquer des juridictions guinéennes. Mais qu’il comparaisse ou pas, il faut qu’il soit jugé dans les plus brefs délais. »

Aly Touré ne digère pas aussi le coût élevé de francs glissants que paie l’Etat guinéen pour l’hospitalisation du prévenu Cas-Sorry : « Il est dans les locaux de la clinique depuis plus d’un an. Cela coûte à l’État 1 milliard 723 millions de francs guinéens. Il écrit une tribune de 15 pages qu’il a publiée dans la presse ici où il dit qu’il n’a pas confiance en la justice guinéenne et qu’il ne comparaîtra pas devant une juridiction guinéenne. »

Du berger à la bergère, la défense du Cas-Sorry, qui caresse le rêve de le voir évacuer à l’étranger, accuse le parquet spécial de minimiser l’état de santé de leur client, de bloquer son hospitalisation dans une structure sanitaire plus huppée : « Je regrette que le parquet spécial minimise l’état de santé d’un humain. Malgré tout ce que Kassory a fait pour ce pays, on le traite comme ça. Kassory ne mérite pas ça. Il est sous calmant, pas sous traitement. Il ne joue pas, il souffre. Il n’a pas refusé de comparaître, mais c’est son état de santé qui ne le lui permet pas ».

Le juge a renvoyé l’affaire au 6 novembre prochain pour la comparution du prévenu. Pas sûr cependant que Kassory s’y rende. Il est décidé à ne comparaître qu’en tant qu’homme libre.

Avant cette audience, ses avocats ont fait feu de tout bois pour obtenir sa libération. Ils ont soulevé la question de l’inconstitutionnalité de la CRIEF devant la basse-Cour suprême. Après de multiples reports, cette juridiction les a finalement déboutés. Au grand dam de Me Dinah Sans-Piles : « C’est une juridiction qui a été créée par la Charte de la Transition. Nous n’avons pas demandé si sa création est conforme à cette charte, on a touché la Constitution qui était là. C’est une juridiction spéciale créée pour une circonstance précise. Lorsque la transition va arriver à son terme, ça veut dire que la CRIEF va disparaître. Pendant ce temps, que deviendront les condamnations qu’elle aurait prononcées ? Voilà la question qui n’a pas été répondue. »

Yacine Diallo