Le 30 septembre, au siège du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Guinée, (Taouyah-Conakry), les organisations des droits de l’homme OGDH, MDT, AVIPA et FIDH, ont organisé un atelier de suivi de la feuille de route des droits humains. Il s’agissait de faire le diagnostic sur l’Etat de droit, la gouvernance démocratique et la lutte contre l’impunité. Les participants ont échangé sur la situation des droits humains et sécuritaire en Guinée, l’état de la lutte contre l’impunité, la promotion et la protection des droits des femmes, entre autres.
Les participants sont unanimes : la situation des droits de l’Homme n’est pas reluisante en Guinée, elle est plutôt préoccupante. En cause, la restriction de l’espace civique, notamment l’interdiction formelle des manifestations dans les rues et la fermeture de certains médias. L’enlèvement et la disparition des acteurs de la société civile Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, responsables du FNDC (Front national pour la défense de la Constitution), la mort du colonel Pépé Célestin Bilivogui dans des circonstances non encore connues, sans aucune forme de justice, la mort suspecte du général Sadiba Koulibaly, l’assassinat de plus de 50 jeunes lors des manifestions de rues et d’autres victimes anonymes, laissent présager qu’il y a une forme de terreur qui est instaurée.
Pour Mohamed Mabassa Fall, représentant de la FIDH, Fédération internationale pour les droits humains auprès de l’Union Africaine, l’impunité crée la rancune, la répétition des violations des droits de l’homme, l’impunité est un cercle vicieux. Il estime qu’il faut rompre ce cercle vicieux et entrer dans un cercle vertueux, celui du respect des droits humains. « Nous avons vu comment au fond instaurer l’Etat de droit. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’Etat de droit du tout en Guinée, mais il faut arriver à une soumission de la gouvernance au droit. Les femmes sont victimes de deux phénomènes majeurs et la Guinée n’a pas le monopole. Il y a d’abord les discriminations basées sur le genre mais aussi les violences faites aux femmes. »
Aimé Ntumba Kakolo, représentant du bureau du HCDH (Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Guinée, a indiqué que la feuille de route des droits humains est un cadre essentiel qui guide les efforts collectifs vers une société où la dignité humaine est respectée et protégée et où chacun peut participer pleinement à la vie publique, sans crainte de discrimination ou de répression. « La Guinée est à un carrefour. Les défis sont nombreux mais ils ne sont pas insurmontables. En travaillant ensemble, en restant unis et en nous engageant fermement pour les droits de l’Homme, nous pouvons transformer ces défis en opportunités de progrès. Nous sommes tous conscients que le chemin vers la pleine réalisation des droits humains est parsemé d’obstacles, notamment en matière de justice, de l’espace civique et démocratique et de lutte contre l’impunité. Cependant, la participation active des organisations de la société civile est essentielle pour faire face à ces défis. Vous êtes les gardiens des aspirations de la population, les témoins des injustices mais aussi les acteurs du changement ». Selon lui, l’Etat de droit ne peut se faire que lorsque les institutions sont fortes, impartiales et capables de rendre justice à tous, sans distinction. « C’est en ce sens que nous encourageons les autorités guinéennes à poursuivre les réformes nécessaires pour renforcer l’indépendance de la justice, garantir la transparence dans la gouvernance et assurer la participation citoyenne ». Vaste programme !
Mamadou Adama Diallo