L’interdiction du port de cagoule faite aux conducteurs de véhicules suscite des réactions contrastées, notamment chez les taxi-motards.

Dans le but d’identifier facilement les visages des conducteurs, la Direction générale de la police nationale, DGPN, a interdit, mardi 22 octobre, le port de cagoules. Tout transgresseur de la mesure est « assimilé à un délinquant. » Les conducteurs, notamment les taxi-motards et leur syndicat, saluent la mesure. Mais ils donnent des précisions sur cette activité.

Jeudi 24 octobre, le chef de la ligne Centrale de Cosa (Commune de Ratoma), encense l’interdiction : « Cette décision vient d’appuyer notre règlement intérieur. Il y a une interdiction totale de port de cagoules sur notre ligne, suite aux plaintes des clients à notre niveau, qui disent qu’ils ne s’embarquent pas sur les motos des conducteurs encagoulés. On apprécie cette mesure vraiment. Il y a trop de banditisme. S’il y a un problème de vol ou autre, souvent ce sont des motards encagoulés » a-t-il déclaré.

Un des chargés de communication du bureau de la sous-section syndicale des taxi-motards à Wanindara, Commune de Matoto, Diallo Alsény dit Mougnal, affirme qu’il y a pas mal de motards délinquants qui chipent les biens de leurs passagers et se livrent à d’autres actes répréhensibles. « Il y a des gens qui ne pratiquent pas le taxi-moto, mais ils font des dégâts lors des manifestations et certaines fêtes : tu verras trois personnes sur une moto, toutes engoulées et qui chipent les sacs et des téléphones de nos passagers dans la circulation. D’autres retirent les motos de nos amis. Tu ne pourras jamais les reconnaître… »

Abdourahmane Diallo, conducteur dans la Commune de Lambanyi, se cagoule avant d’aller sur le terrain, mais il a ses raisons : « Je me cagoule et mets les gants aussi, mais c’est juste pour protéger mon corps contre le soleil ardent. Le soleil noirci mon visage. Des fois, il y a des clients qui m’obligent à ôter la cagoule, à défaut, ils ne s’embarquent pas. Je le fais, parce que je cherche de l’argent. Mais d’autres passagers refusent carrément de monter à cause de cela…» Abdourahmane dit que d’autres ont le complexe d’exercer le taxi-moto. « Il y a d’autres motards qui mettent la cagoule, parce qu’ils sont complexés. Ils ne veulent pas être reconnus par leurs proches… »

Mariame Doumbouya emprunte souvent des motos pour ses déplacements à Lambanyi de la commune éponyme. Elle parle des risques pour les passagers : « Je ne monte jamais sur une moto dont le conducteur est encagoulé. C’est prendre le risque, car il est très difficile de l’identifier au cas où il te ferait du mal ou il tenterait de t’enlever par exemple.»

Alsény Diallo plaide que les autorités fassent appliquer à la lettre cette mesure. Il invite aux motards, taximètres ou non à ne pas porter de cagoule : « Je demande à ceux qui conduisnt les motos ou les véhicules d’oublier cette affaire de cagoule. Nous demandons un suivi strict et continu de cette mesure. Il faut juste mettre le casque, si tu estimes que tu es honnête… »

Pour rappel, des émeutes ont éclaté le 21 octobre dernier, sur l’autoroute Leprince, entre les forces de maintien de l’ordre et les taxi-motards à cause du port de cagoules.

Souleymane Bah