L’idée d’une candidature à la Présidence du Général Doum-bouillant fait jaser les chaumières et le gratin des châteaux, dans la capitale et à l’arrière-pays. Chacun se perd en conjectures. La publication de l’Avant-projet de la nouvelle Constitution alimente dorénavant ce qui n’est encore qu’une causerie au coin du feu, même si quelques grosses huiles montent, de temps en temps, au créneau pour clamer leurs opinions.

Les partisans des formations politiques qui aspirent à l’exercice du pouvoir ne veulent pas entendre parler de la candidature de ceux qui nous gouvernent actuellement, qui que ce soit, en référence à l’article 46 de la Charte de la transition et aux propos du Président. L’article stipule : « Le Président et les membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement ne peuvent faire acte de candidature ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. La présente disposition n’est susceptible d’aucune révision. » Ce faisant, les politiques récusent l’éventuelle candidature du Général en le prenant au mot. Au nombre des insuffisances de l’avant-projet de la Constitution, ils relèvent l’omission de l’article 46 de la Charte de la Transition qui mentionne que les acteurs de la Transition, y compris celui qui assume les charges de premier magistrat de cette période, ne pensent faire acte de candidature à quelque poste que ce soit, lors des élections qui closent cet intermède.

Les thuriféraires du Général Doum-bouillant, du CNRD et du gouvernement, sont vent debout contre ceux qui fustigent l’idée de candidature des acteurs de la transition. Ils ont argument de taille : la Constitution ne peut être porteuse de discrimination en excluant de la course à la magistrature suprême du pays des citoyens qui doivent tous nourrir la prétention d’y concourir. C’est exact. Mais la Charte de la Transition, loi fondamentale qui gère cet intermède politique, est la source de la controverse. L’exégèse de l’article 46 de la charte n’est pas aussi simpliste que cela paraît. S’il a sa place dans la charte d’une transition, il est incongru dans une Constitution qui, elle, est frappée du sceau de la pérennité. Alors, la charte ayant été pensée et élaborée par les acteurs de la Transition, n’était-il pas inopportun d’y faire figurer un tel engagement, maintes fois réitéré, du reste par le boss soi-même du CNRD dans des prises de parole en public ? Convenons qu’en politique, les faits corrigent et rectifient les intentions, les désirs. L’homme propose, Allah dispose. Et « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Kaa ?

Pro et anti candidature de Doum-bouillant se crêpent le chignon. On a beau tendre l’oreille, au Palais Mohammed V, c’est le silence assourdissant. Aucun souffle de vent. Point de bruissement des feuilles. Rien ne vient galvaniser la tiédeur des uns ou tiédir l’impétuosité des autres. Le locataire des lieux médite, sagement. On attend l’arme aux pieds. La veillée d’armes sera de courte durée. La nouvelle attendue ou abhorrée n’est plus loin. Que chacun l’apprenne avec sérénité et stoïcisme. Et que la Nation en sorte victorieuse, forte et plus unie.

Abraham Kayoko Doré