Le télétravail a connu ses beaux jours, son printemps, à travers le monde, durant la pandémie Covid19. Ses mérites, à l’époque, furent loués, sublimés. Les ergonomes à la réputation bien établie dans les milieux scientifiques vantèrent ses performances, comme le bonheur pour les travailleurs : il révolutionnait l’environnement humain, social et économique du travail ; il a raffermi l’amour paternel et maternel des travailleurs en favorisant une présence de plus en plus grande entre parents et enfants. Il faut évoquer la réduction de la pénibilité du temps, de trajet, mais aussi du coût de transport. Et s’en fut Covid19. Mais, le monde y avait déjà pris goût, la trouvaille s’affirme, s’épanouit et paraît s’imposer durablement dans l’ergonomie. Il est flexible. Chaque secteur économique s’en accommode en l’adaptant à ses besoins.
Patatras, le bel échafaudage s’écroule comme un château de cartes, en moins d’une décennie. Le télétravail avait été projeté comme la manière de travailler en phase avec l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. A présent, il ne semble trouver grâce qu’aux yeux de ceux qui font montre d’un optimisme béat. On le massacre, le vilipende et le voue aux gémonies. Çà et là s’élèvent des jérémiades contre la nouvelle pratique. Ses atouts deviennent ses faiblesses. Le travail en présentiel reprend du poil de la bête. Les ergonomes s’étaient trompés. Rien ne vaut la présence de l’ensemble du personnel sur le lieu de travail, au même moment.
Cela suscite et entretient une émulation qui est à présent en voie de disparition. On évoque dorénavant le cas des usines qui requièrent la présence physique des ouvriers pour la fabrication des biens. Peut-on fabriquer une voiture ou un ordinateur sans se rendre à l’usine ? Là, le travail en présentiel est incontournable. Le télétravail, dans une usine au profit du personnel administratif par exemple, n’entraîne-t-il pas un sentiment d’injustice chez les ouvriers qui peuvent, en conséquence, être démotivés ? On peut alors assister à un effet boomerang inattendu : une baisse de rendement.
Leçon de morale : le télétravail n’est pas la solution parfaite qu’on croyait avoir inventée pour répondre aux contraintes de la mobilité urbaine et de la production des gaz à effet de serre, sources des dérèglements climatiques.
Toutefois, il ne faut pas baisser les bras. Le ton a été donné, le sillon tracé. Il faut s’y engouffrer et continuer de chercher avec persévérance les innovations susceptibles d’aboutir aux vraies solutions efficaces. Que les grosses têtes bien pensantes et bien faites se lèvent et accourent au secours des politiques pour ensemble accomplir cette gigantesque œuvre humaine.
Le télétravail a, sans doute, beaucoup de mérites. Ce n’est pas pour rien qu’il a émerveillé politiques et intellectuels, voire le commun des mortels. Il convient désormais de l’élaguer des aspects que son expérimentation durant le Covid19 a révélés néfastes en milieu de travail. Tout à fait dans les cordes des ergonomes, qui doivent continuer de creuser les méninges.
Abraham Kayoko Doré