Francis Kova Zoumanigui, prési de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) ou patron de la Cour de répressions des infractions d’enregistrement et de filature ?  Le magistrat réprime-t-il désormais ses accusés par des gifles et des coups de poing, en lieu et place du code pénard ?

C’est une soirée bien arrosée qui a finalement viré à l’empoignade à la mi-octobre entre Francis Kova Zoumanigui et son invité Bakary Gamalo Bamba, patron du bimensuel d’investigations Le Baobab. La bastonnade est survenue alors que les deux connaissances trinquaient ensemble au domicile du premier. Le journaleux s’y était rendu avec l’intention secrète d’enregistrer le robin à son insu, pour agrémenter une enquête qu’il dit mener sur une affaire jugée parallèlement par la Cour de répression des infractions économiques et financières.

Sauf que son hôte a flairé le topo, pendant que les deux sirotaient tranquillement leur vin. Noir de colère, le robin aurait rossé copieusement Bakary Gamalo Bamba. « Quand il a su que je l’enregistrais, il m’a giflé et m’a aspergé le vin qu’on buvait. Il a fait appel à son garde du corps qui m’a sérieusement battu », s’est lamenté notre con()frère à la barre du tribunal de première instance de Dixinn, où s’est ouvert son procès le 22 octobre. Il est poursuivi pour « atteinte à la vie privée. »

Journaleux ou espion ?

Après avoir été ‘’molesté’’ par Francis Kova Zoumanigui et son garde du corps, Bakary Gamalo Bamba a été jeté au gnouf depuis le 15 octobre. Le journaleux jure, la main sur le palpitant, avoir enregistré le magistrat dans un cadre purement professionnel. « Je suis un dossier à la CRIEF, en l’occurrence l’affaire Rémy Lamah et la société ZMC. Je l’ai appelé pour avoir d’amples informations, il m’a dit de passer à la maison… J’ai enregistré notre conversation pour ne pas avoir des problèmes avec les termes juridiques », s’est-il défendu à la barre.

Dans cette affaire, le journaleux dit avoir approché Kova Zoumanigui pour vérifier des allégations sur une proximité entre l’ancien ministre de la Santé, Rémy Lamah et la société ZMC. Rémy Lamah a été acquitté en première instance, mais le parquet spécial a interjeté appel.

Selon un proche de Francis Kova Zoumanigui, Bakary Gamalo Bamba jouerait le jeu des ‘’détracteurs’’ du prési de la CRIEF. Le journaleux, Francis Kova et Rémy Lamah sont tous trois de la même région. Des proches de l’ancien ministre de la Santé chercheraient à discréditer le robin ou à mettre pression sur lui. Kova pourrait juger Rémy Lamah en appel. Kova Zoumanigui a eu vent du topo. Bakary Gamalo Bamba n’aurait non seulement pas dit au juge qu’il partait à son domicile pour lui poser des questions sur cette affaire, mais il ne lui a également pas signifié son intention de l’enregistrer. C’est en cours de causerie que le journaleux a mis l’affaire ZMC sur la table. Le robin, en alerte, l’a alors vu dissimuler son téléphone. Il s’est jeté sur Bakary Bamba, perçu comme un ‘’espion’’ plutôt qu’un journaleux.

Une autre langue fourchue dit que Gamalo a plutôt approché son « ami » Kova, pour lui demander assistance en espèces sonnantes et trébuchantes. De bonne foi, Kova l’invite à passer à la maison. Pour le souhait de bienvenue, il aurait envoyé son rejeton leur acheter du bon vin. La causerie entre amis démarre. Quand le vin aurait commencé à faire son effet, le journaleux a engagé une conversation, non sans manipuler son téléphone. Le rejeton de l’hôte observerait la scène de loin, se doutant des intentions du journaleux. Il balance un texto à son father du genre : « Papa, je pense que le gars est en train de t’enregistrer. » Après avoir lu le message, Kova Zoumanigui aurait demandé à Gamalo : « Mon ami, j’espère que tu n’es pas en train de m’enregistrer ! » Gamalo aurait bondi de son siège, pris de panique mais il a rassuré en jurant sur tous les dieux de la Forêt. La conversation a continué. Le rejeton insiste par un autre SMS : « Papa, je te dis qu’il est en train de t’enregistrer… » Cette fois, c’en est de trop. Le father aurait appelé son fils, pour l’aider à vérifier. Demande serait faite alors au journaleux de déverrouiller son téléphone, pour en avoir le cœur net. La vérification confirme les soupçons du rejeton : Gamalo est pris, la main dans la gamelle. La soirée amicale tourne au vinaigre. Le fameux journaleux est couvert de grossièretés et roué de coups par le clan Zoumanigui.

La version de la partie civile, Francis Kova Zoumanigui, est attendue à l’audience du 29 octobre.

Yacine Diallo