Un an après l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023 contre des territoires israéliens frontaliers de Gaza, le Proche-Orient s’embrase. L’entrée en action du Hezbollah libanais, il y a un mois, a entraîné des représailles meurtrières de Tel-Aviv, notamment à Beyrouth.

Ces séries d’attaques terroristes, appelées opération Déluge d’al-Aqsa, ont été perpétrées à l’occasion du 50e anniversaire de la Guerre du Kippour – offensive surprise conjointement menée par l’Égypte et la Syrie contre l’Israël. Le 7 octobre 2023, également, l’État hébreu a été pris au dépourvu (malgré des signes avant-coureurs minimisés) par les frappes du Hamas visant les zones frontalières qui enveloppent Gaza.

Bilan : plus de 1 200 Israéliens (civils et en uniforme militaire ou de police) tués lors des incursions terroristes parmi eux, entre autres, des festivaliers ; 200 autres sont faits prisonniers, pour servir de monnaie d’échange avec des Palestiniens détenus en Israël. Ils se chiffreraient à près de 10 mille prisonniers.

A ce jour, les bombardements israéliens, en réaction aux attaques du 7 octobre, ont fait plus de 42 000 victimes gazaouies. Et le Premier ministre Benyamin Netanyahou (revenu au pouvoir en décembre 2022) n’est pas prêt à accepter un cessez-le-feu, malgré la mort des dirigeants du Hamas, dont Ismaël Haniyeh, ainsi que le successeur de celui-ci, Yahya Sinwar.

Près de 200 mille morts en 76 ans de guerre

A l’opposé, au nord, Israël a également repris les hostilités contre le Hezbollah libanais depuis fin septembre, tuant au passage son chef, Hassan Nasrallah. Et ces derniers jours, Hachem Safieddine, le successeur pressenti de ce dernier.

Aidée de l’Iran, la milice militante a depuis tiré plusieurs missiles longue portée contre Israël faisant des victimes – toutes n’ayant pas été interceptées par le Dôme de fer (système de défense aérienne mobile israélien). Ce qui est toutefois sans commune mesure avec les plus de 2 000 personnes tuées par les frappes israéliennes au Liban, qui ont fait par ailleurs environ un million de déplacés.  

Depuis le 22 octobre, d’intenses bombardements aériens israéliens visent la banlieue sud de Beyrouth, la capitale libanaise. Des images filmées en direct montrent des immeubles s’effondrer, tel un château de cartes. Plusieurs frappes ont visé particulièrement Tyr, grande ville du sud du Liban, après un appel de l’armée israélienne à évacuer.

Difficile à ce jour de deviner jusqu’où veut aller l’Israël de Benyamin Netanyahou. Et cela d’autant que décapiter les têtes du Hamas et du Hezbollah n’est pas nécessairement un gage de paix. Ceux qui naissent et survivent au milieu des ruines épousent la cause palestinienne au berceau et vivent avec elle chevillée au corps jusqu’à leur dernier souffle.

Le médecin après la mort

Voilà 76 ans que dure le conflit israélo-arabe, né de la proclamation de l’État hébreu le 14 mai 1948, l’occupation de 77% (d’autres sources évoquent le chiffre de 85%) du territoire historique de la Palestine (27 000 km carrés) et l’expulsion de près d’un million de Palestiniens. A cela s’ajoutent environ 180 000 morts depuis 1948. Conséquences, 14,6 millions de Palestiniens seraient réfugiés à l’étranger contre 5,5 millions vivant en Palestine (Cisjordanie, bande de Gaza et Jérusalem-Est), selon un rapport du Bureau central palestinien des statistiques (PCBS) cité par l’agence de presse turque Anadolu.

Devant le massacre, les pays arabes croisent les bras et observent ; les Etats-Unis, premiers à reconnaître l’État hébreu en 1948, condamnent la guerre, appellent à un cessez-le-feu, tout en armant Israël et célébrant la mort des chefs du Hamas. La France, au début du conflit, s’opposait aux manifestations pro-palestiniennes sur son territoire, tout en autorisant celles qui soutiennent les causes juives. Aujourd’hui, elle a appelé à une conférence d’aide au Liban, mobilisant un milliard de dollars pour reconstruire le pays.

Face à un tel imbroglio, il n’est pas surprenant que l’ONU soit inaudible. Alors que ses résolutions sont foulées au pied et ses casques bleus pris pour cible au Liban par Israël, son secrétaire général, António Guterres, est déclaré persona non grata à Tel-Aviv. Netanyahou, plus fort que le monde entier ?

Diawo Labboyah