En assemblée générale hebdomadaire le 19 octobre à Gbessia, des cadres du bureau politique national du Rpg arc-en-ciel ont dénoncé la gestion de la transition. Pour eux, la refondation prônée par la junte est sans effets positifs.
« Rompre avec les mauvaises pratiques du passé » était l’engagement pris par Mamadi Doumbouya, après avoir renversé Alpha Condé, le 5 septembre 2021. Trois ans après, « rien n’a changé », selon les cadres du Rpg arc-en-ciel d’Alpha Condé.
À l’assemblée générale hebdomadaire du 19 octobre, Marc Yombouno, membre du bureau politique national, soutient que le CNRD a manqué le côté social de sa refondation : « Nos frères, nos camarades, nos cadres sont en prison depuis près de trois ans. Nous ne voyons pas la mise en œuvre concrète de la refondation, au sujet de nos camarades emprisonnés. On ne peut vouloir rassembler les Guinéens et laisser une catégorie de citoyens en prison, sans preuve. On ne peut comprendre que des juridictions guinéennes et la Cour de justice de la Cédéao statuent la remise en liberté de nos camarades et qu’il y ait refus. C’est vraiment incompréhensible. »
L’ancien ministre du Commerce, Marc Yombouno, rappelle qu’après le coup d’État, toutes sortes de maux avaient été déversés sur Alpha Condé et sa gouvernance, même les médias, dit-il, avaient été mis à contribution. Pour justifier le putsch, l’ancien ministre affirme que la junte avait invoqué le détournement, la corruption, la gabegie financière, la politisation de l’administration publique, la personnalisation du pouvoir, entre autres. Pour Marc Yombouno, un putsch n’est pas habilité à corriger ces maux. « Les lois condamnent ces maux depuis l’indépendance de la Guinée. S’il y a détournement, la justice doit agir pour sanctionner les auteurs. C’est cela l’État, les institutions sont établies pour cela. Nous ne le disons pas parce que nous sommes du Rpg, mais parce que nous devons adopter des comportements citoyens. Tant que nous ne respectons pas nos lois, nous ne pourrons point construire un État de droit », ajoute-t-il. Et de poursuivre : «Aujourd’hui, est-ce qu’il n’y a pas de détournement, de gabegie, de personnalisation de l’administration ? » « C’est pire », répondent en chœur les militants.
Il dit constater que des administrateurs publics sont partout en campagne en faveur de la junte. « Les institutions de l’État doivent sévir contre ce qui se passe, qu’elles jouent leur rôle. Qu’on ne dise plus qu’Alpha Condé a fait ceci ou cela, c’est pourquoi on l’a renversé ! Non, il y en avait d’autres […] », déclare Marc Yombouno.
« Haine, règlement de compte »
Moro Kourouma, le président du bureau national des cadres du Rpg arc-en-ciel, exhorte les militants à resserrer les rangs face à « l’influence néfaste » des autorités. Il assure que « rien n’affectera le fonctionnement » du Rpg arc-en-ciel. « Restez sereins ! Nous connaissons les conséquences du coup d’État. Quand on est renversé, il faut du temps pour réfléchir afin de remobiliser les militants. L’expérience a montré qu’en Afrique de l’Ouest, aucun putsch n’a fait avancer un pays. Les coups d’État engendrent l’insécurité, l’instabilité… Il y a de la haine et du règlement de compte… » Ainsi, Moro Kourouma demande à œuvrer pour le retour d’un pouvoir civil en Guinée.
Yaya Doumbouya