Le procès d’Ibrahima Kassory Fofana s’est poursuivi ce lundi 25 novembre devant la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief. L’ancien Premier ministre, «malade», ne s’est pas présenté. Le juge ordonne une contre-expertise médicale.
L’audience de ce 25 novembre devait être consacrée à la comparution de Kassory Fofana et éventuellement à l’ouverture des débats au fond. Mais le président du Conseil exécutif provisoire du RPG arc-en-ciel est resté dans son lit de malade. Les débats tournent finalement autour de son état de santé et du procès-verbal d’interrogatoire du 19 novembre, à la clinique. Son avocat, estimant qu’il n’y a pas eu de contradictions entre le PV du juge et les rapports médicaux versés au dossier, remet à nouveau sur la table la question de l’évacuation de l’ex PM : « Le contenu du PV est conforme au rapport médical du 15 octobre 2024, versé au dossier. Ce rapport mentionne la nécessité pour notre client d’être évacué dans une structure plus appropriée », lâche maître Dinah Sampil. A défaut, l’avocat demande une contre-expertise médicale : « Nous sollicitons de la Chambre de faire droit ce que dit le rapport, à défaut, nous sollicitons une contre-expertise pour savoir si les rapports médicaux de nos clients sont exacts ou non. » Me Dinah Sampil se dit convaincu qu’en l’état actuel des choses, il est impossible de juger Kassory Fofana : « Je ne vois aucune juridiction républicaine juger un prévenu qui est sous morphine, un prévenu qui ne soit pas capable de se souvenir de ce qu’il va dire. »
Le ministère public, lui, reste droit dans ses bottes. Le substitut du procureur, Amiata Kaba jure que Kassory se cache derrière une maladie pour se soustraire à la justice. Il demande à la Cour de rejeter la demande de contre-expertise et d’ordonner les réquisitions et plaidoiries. Faux, rétorque Me Dinah Sampil : « Pendant les instructions, et devant la Chambre de contrôle de l’instruction, Kassory était présent. Le problème, c’est est-ce que le prévenu peut se présenter à un procès. Je suis écœuré par cette indifférence révoltante du parquet. On est face à un problème de santé d’un prévenu. Mais le parquet veut voir Kassory Fofana mourir… »
La partie civile ne s’oppose pas à la demande de la défense, mais Me Amadou Babaein Camara veut des garanties : « On s’en remet à la sagesse de la Cour, mais pour les intérêts de l’État, que la partie présente une garantie suffisante. »
Le président de la Chambre de jugement ordonne finalement au directeur général du Centre hospitalo-universitaire de Donka de désigner un médecin à l’effet de procéder à une contre-expertise médicale. Ce médecin devra dresser un procès-verbal et dire si Ibrahima Kassory Fofana doit être transféré dans une structure sanitaire plus appropriée. L’affaire est renvoyée au 4 décembre prochain.
Pour rappel, le dernier Premier ministre d’Alpha Condé est poursuivi par la Crief pour, entre autres, « corruption, détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux… » Ibrahima Kassory Fofana est en détention depuis avril 2022. Il a joui de plusieurs ordonnances de mise en liberté conditionnelle, mais le procureur spécial près la Crief, Aly Touré, s’y oppose catégoriquement.
Yacine Diallo