Le président de la transition le général Mamadi Doumbouya avait annoncé le 31 décembre 2023 que le référendum se tiendra à la fin de l’année 2024. A moins d’un mois de l’échéance, les membres du Conseil national de la Transition, CNT, se déploient à l’intérieur du pays pour vulgariser l’Avant-projet de la Constitution. Même pas la Constitution que les électeurs devaient valider ou pas par référendum. Une campagne avant l’heure ? Des acteurs politiques et de la société civile dénoncent un gaspillage de fonds publics autour d’un « brouillon ». Ils accusent aussi la junte de vouloir prolonger la transition au-delà du 31 décembre 2024. Malgré tout, les Conseillers du CNT font la parade de ville en ville pour, disent–ils, expliquer les « grandes lignes » de l’Avant-projet de la Constitution.

« Cette Constitution est l’élément essentiel de la composante politique de la transition en cours. Les directives ont été données, la transition guinéenne est sociale, économique et politique. La dimension sociale est mise à l’avant pour la construction de ce processus constitutionnel, consulter, dialoguer, échanger, enquêter et donner la possibilité à tout le monde de donner ses idées pour écrire un texte », avait lancé Dansa Kourouma, président du CNT au lancement de la campagne de vulgarisation au Palais  du Peuple, devant de hauts cadres de la Présidence et du gouvernement.

Seulement voilà, au lieu de rassembler les citoyens, dans de nombreuses villes, notamment à Kindia, Dabola, Labé, les élèves ont été sortis des classes, pour assister à la vulgarisation que d’autres qualifient de propagande. « Pourquoi sortir les élèves, des collégiens qui, pour la plupart n’ont pas l’âge de voter et ne savent même pas l’enjeu autour d’une Constitution », fulmine un observateur qui se pose la question de savoir : c’est parce que les citoyens n’adhèrent pas au projet ? Pendant ce temps des critiques viennent de toute part. Pour Sékou Koundouno, responsable du FNDC, c’est une manœuvre politique : « Cette trahison orchestrée par le CNT et son président Dansa Kourouma ne passera pas. Mamadi Doumbouya doit se préparer à de fortes résistances. Mais son projet échouera. S’il pense s’appuyer sur la peur et la propagande financée à coups de milliards, il se trompe. Des millions de Guinéens, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, restent mobilisés pour protéger l’avenir de la Guinée. »

Des observateurs pensent que, si comme l’a toujours soutenu le président CNT l’Avant-projet de la nouvelle Constitution était issue de l’aspiration du peuple, il aurait attendu la campagne pour le référendum, pour expliquer le bien-fondé de voter pour la nouvelle Constitution.

Mamadou Adama Diallo